Revue Sources

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J’imagine les lecteurs de SOURCES parents et grands-parents. Ils ont mis des enfants au monde, les ont vu grandir, quitter le foyer familial, fonder à leur tour une famille. S’il est vrai qu’ils se disent souvent heureux et comblés, nombreux gardent au fond de leur cœur une souffrance réelle: « Nous n’avons pas su transmettre à nos enfants la foi chrétienne et l’amour de l’Eglise ». Les enfants « ne pratiquent pas ». Les petits-enfants « ne sont plus baptisés ». Se disent heureux les parents qui ont tout juste vu l’un ou l’autre de leurs enfants « se marier à l’église ».

Un bémol à ce scénario

Commençons par mettre un bémol à ce scénario catastrophique! La présence régulière et renouvelée de jeunes foyers dans certaines églises de France (notamment en milieu urbain et monastique) prouve que la transmission de la foi chrétienne d’une génération à l’autre est bel et bien possible. Y compris le goût pour la Messe dominicale. Mais s’agit-il là de transmission? Ne devrions-nous pas plutôt parler de (re)découverte de la foi, de reprise de la pratique religieuse, de recommencement après des années de défection, de foi engendrée parvenue à maturation?

Ce billet sera donc à lire comme un plaidoyer invitant les aînés à vivre leur foi comme un précieux trésor personnel!

Revenons à nos parents et grands-parents angoissés et inconsolables! Si la transmission de la foi (et de bien d’autres éléments éducatifs) demeure un objectif légitime du rôle de parents-éducateurs, celui-ci, cependant, ne saurait s’y mesurer et s’y épuiser. La foi en Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit est un acte trop intime, trop personnel, trop individuel pour qu’on puisse la transmettre. A 60 ans, et encore moins à 70, on n’a ni l’obligation ni le droit d‘apprécier sa foi personnelle à ce qu’en auront fait et retenu ses propres enfants et petits-enfants.

La foi des aînés

Ce billet sera donc à lire comme un plaidoyer invitant les aînés (le troisième âge) à vivre leur foi comme un précieux trésor personnel que personne dans le monde ne viendra leur arracher. La foi leur appartient. Si la souffrance devant l’incapacité de la transmettre est réelle et compréhensible, elle ne doit pas pour autant amener les grands-parents à lâcher prise, eux aussi. Trop de grands-parents se découragent! On les voit finir leurs jours en faisant comme les jeunes…

La difficulté évoquée me semble particulièrement catholique. Plus que dans les autres confessions chrétiennes, la réussite des parents catholiques se mesure à la passation de la foi. Ne devrions-nous pas regarder du côté des réformés, des méthodistes, des évangélistes. Chez eux, « croire » demeure un acte profondément personnel. Ce trésor, certes, aspire à être partagé et à se faire témoignage, sans pour autant s’hériter. A ce titre, il ne cesse d’être un don individuel avant de devenir familial. Eminemment intime, il fera partie de ces joyaux que l’on conserve soigneusement lorsque pointe à l’horizon le soir de la vie. On ne s’en départira pas au moment de prendre sa retraite. Pas plus qu’au jour de l’entrée en maison de retraite. La foi n’est pas celle des autres. La foi est MIENNE!

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Le frère dominicain suisse Clau Lombriser est curé de la Mission Catholique de Langue Française (MCLF) de Zurich. Il est aussi membre du Comité de rédaction de la revue « Sources ».

 

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