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Et si nous nous engagions sur les «chemins de la foi», titre générique des émissions religieuses que nous propose la télévision française ce dimanche 18 novembre …

Même en nous concentrant sur la foi chrétienne, nous n’oublions pas l’Ancien Testament. Nous entamons donc notre démarche avec le quart d’heure: «Judaïca». L’émission est consacrée au psaume 18 «que nos frères chrétiens récitent avec nous», dit le rabbin. Très vite, les commentaires tournent à la pure érudition.

«Foi, espérance et traditions des Chrétiens orientaux». L’émission porte bien son nom. Elle proclame la foi de manière émouvante à l’heure où on la sait menacée dans les pays de l’Orient chrétien. Si je ne devais en retenir qu’un élément, ce serait les mots de Mgr Gemayel, nouvel évêque maronite en France, fustigeant le «je m’en fichisme» et rappelant que nous partageons «la même foi catholique», même si la liturgie diffère. «On doit trouver ensemble le chemin du Seigneur», dit-il, faisant écho aux mots de Jean-Paul II: «Il est temps que l’Église respire de ses deux poumons, l’oriental et l’occidental».

«Présence protestante»: un documentaire sur une figure missionnaire, certes attachante, à savoir Eugène Casalis qui a apporté la foi au Lesotho.Mais est-ce un cours d’histoire ou une émission religieuse? L’émission s’achève toutefois par trois minutes intenses de prière à partir d’un texte d’Isaïe: Dieu va supprimer la mort de ceux qui nous sont chers.

«Le Jour du Seigneur». Première partie: un commentaire biblique sur Aggée. Intéressant, mais trop bref. On enchaîne avec une exposition sur la pratique religieuse, dont le «but est de comprendre, mais pas de faire du prosélytisme». Toutes les religions sont dans la même salle. Le reportage aurait mieux trouvé sa place dans un quelconque magazine d’actualité plutôt que dans «Le Jour du Seigneur».On y parle de sociologie, mais pas de foi. Le pire est dans le commentaire: «Le Christ est une divinité parmi d’autres. Il faut que le chrétien s’habitue à ce regard porté sur lui!» Je dirais le contraire: il faudrait que le chrétien se réhabitue à être fier de sa foi. Tolérance oui, syncrétisme non! Cette rubrique fait place à la chronique «Vatican II», puis aux témoignages de personnes vivant dans le village d’où sera diffusée la messe. L’église du village est présentée comme une amie fidèle par un couple qui vient de fêter ses noces de platine. Quant à ce restaurateur, travaillant sur le rétable de saint Joseph, il insiste sur le fait que pour lui son travail est une manière de transmettre la foi. La conviction de ces gens nous élève à temps. C’est le moment de la messe.

La messe, précisément. Des nouveaux baptisés sont accueillis. Ils représentent l’espérance «dans ces temps où la transmission de la foi est difficile». Au moment de l’homélie, j’ai comme une crainte. Souvent, lors de messes télévisées (ou non télévisées) j’eus l’impression de revivre ce que saint Paul disait: «C’est du lait que je vous ai donné à boire et non une nourriture solide» (I Cor.3,2), tant il me semblait que la prédication était simpliste. Aujourd’hui, rien de tel. L’homélie est brève, mais puissante. «Il faut avoirles pieds sur terre, mais le cœur au paradis». «La fin des temps, c’est la vie, et non la mort». «La maison du ciel est bâtie avec nos pierres». Autant de paroles qui ne peuvent que réveiller la foi si celle-ci s’était assoupie.

Le magazine qui suit la messe est consacré à la «nouvelle évangélisation». Par sa nature-même, cette partie d’émission doit laisser une place importante à l’information. Les propos de MgrCarré, archevêque de Montpellier, et ceux de Raphaël Cornu-Thénard, créateur du festival Anuncio, vont néanmoins bien au-delà de l’information. Le premier en appelle à la conversion de tous les chrétiens. Le second est allé à la rencontre de personnes éloignées de l’Eglise. Une présence, dit-il, qui évangélise.

L’émission s’achève. Mon sentiment? Oui, la foi était bien présente. Oui, il y a eu de grands moments d’émotion. Oui, la télévision sait proposer la foi. Mais qu’elle ne soit pas timide. Sinon, les émissions religieuses perdent leur raison d’être. Quant à l’érudition, elle est nécessaire et je l’apprécie. Mais elle n’est qu’un véhicule de connaissances qui devraient nous permettre de mieux vivre notre foi.

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Roland Pillonel

Roland Pillonel

Le professeur Roland Pillonel, membre de notre comité de rédaction, est responsable à l’Université de Fribourg de la formation des enseignants du secondaire I et II.

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