Réfugiés – Revue Sources https://www.revue-sources.org Wed, 10 May 2017 07:49:06 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.3.1 « C’était mon devoir d’aller leur montrer que l’Europe ne les avait pas oubliés » https://www.revue-sources.org/cetait-devoir-daller-montrer-leurope-ne-avait-oublies/ https://www.revue-sources.org/cetait-devoir-daller-montrer-leurope-ne-avait-oublies/#comments Tue, 09 May 2017 15:47:35 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=2275 En 2016, Céline de Richoufftz a passé plusieurs mois à Thessalonique, en Grèce, où de nombreux réfugiés attendent que leur sort soit décidé dans des camps aux portes de l’Europe. Pour Sources, cette jeune française de 20 ans revient sur son expérience auprès des migrants et dénonce « ceux qui veulent défendre le christianisme en Occident tout en étant contre l’accueil des réfugiés ». [print-me]

Vous êtes partie pour passer plusieurs mois dans les camps de réfugiés en Grèce. Comment vous est venue cette idée?

« Après six mois, il n’y a plus de clivage entre volontaire et réfugié ». Céline de Richoufftz

Céline de Richoufftz: Je suis partie pour la Grèce en juin 2016 pour deux semaines, histoire de me rendre compte de la situation dans les camps et de mettre à disposition un peu de mon énergie au profit des réfugiés et migrants devant qui les frontières européennes venaient de se fermer si violemment.

Je crois que ce qui m’a poussée à faire le pas, c’est d’abord un sens du devoir. J’avais fait des missions humanitaires pendant plusieurs mois en Inde, au Brésil, bref, au bout du monde. Mais là, j’ai réalisé que l’appel à l’aide venait de chez moi, de ma France, de mon Europe. Et puisque les gouvernements, au lieu d’établir une réelle stratégie pour réceptionner et accueillir les réfugiés et les migrants, préfèrent détourner le regard et les livrer au trou noir qu’est la Méditerranée, c’était mon devoir d’aller leur montrer que l’Europe ne les avait pas oubliés.

La deuxième chose qui m’a entraînée, presque contre mon gré, c’est la compassion. J’avais besoin de souffrir avec eux pour pouvoir, non pas les aider car ils n’appellent pas à l’aide, mais les accompagner dans une des étapes de leur long voyage vers la sécurité. Finalement, j’y suis restée six mois.

Qu’avez-vous concrètement mis en oeuvre?
Avec une bande de volontaires indépendants, activistes, humanistes et courageux venus de partout en Europe, nous avons créé un camp “de jour” en face du camp tenu par l’État où étaient logés 1500 réfugiés, une ancienne usine à volailles composée de neuf hangars plus glauques les uns que les autres.

Dans ce camp de jour, nous avons installé, avec l’aide des réfugiés tout ce dont ils avaient besoin pour passer le temps si long en s’amusant, en apprenant, en partageant. Ils mettaient en place les projets, nous les aidions à trouver les ressources pour les réaliser: une cuisine où l’on cuisinait des repas équilibrés tous les jours, un espace pour les enfants, un autre pour les femmes, une école, un terrain de volley-ball… Nous avions aussi un espace pour stocker tous les dons que nous recevions.

« Dans la tête des enfants, pas de comptines où sautillent nuages colorés, où scintillent des étoiles d’or. Seulement la guerre, la fatigue, le désespoir des adultes »

Avec trois amies, nous avons aussi mis en place une bibliothèque mobile qui se déplace maintenant dans sept camps et dans une maison pour mineurs non accompagnés dans le nord de la Grèce. Elle est pleine de livres, de dictionnaires de langues, de tablettes avec des cours en ligne… Nous voulions offrir aux adolescents et aux adultes les outils intellectuels pour reprendre un degré de contrôle sur leur vie, sur leur esprit. Afin qu’ils continuent de rêver dans ce temps de transition où tout est en suspens. 

Comment se passe la vie dans ces camps?
C’est d’abord oppressant. Que de tentes alignées, de fils électriques, l’écho des hangars, la lumière des néons blancs sur les visages fatigués, le bourdonnement incessant, la chaleur insoutenable en été, l’hiver glacial. Dormir à 6 dans une seule tente, à même le sol. S’amuser avec des cailloux pour passer le temps. Fumer des cigarettes en pensant à la douceur de la vie d’avant, à l’incertitude de celle qui vient.

Au-delà des conditions misérables, le camp est aussi un lieu de vie, et cet aspect-là vous ne pouvez le voir qu’en vous y rendant physiquement. Lieu de communauté, de solidarité, de musique, de danse et de rire. Lieu de partage, de mixité culturelle, de cafés noirs… Intimité avec les femmes, les jeux et les enfants, regards profonds des hommes qui nous remercient d’être là. Interminables discussions,  jeux,  repas,  fêtes… « En Syrie, on dit ma maison est la tienne, au camp on dit: ma tente est la tienne! Sois la bienvenue » m’a dit le coiffeur du camp lorsque je lui ai rendu visite la première fois.

Pour les volontaires indépendants comme moi, il fallait se faufiler dans un trou qu’avaient créé nos amis réfugiés dans la barrière pour entrer dans le camp. L’armée et la police ne laissaient entrer que ceux qui possédaient une autorisation spéciale du ministère de la migration. Pour moi, le camp c’est donc aussi la résistance. Résister à la dépression ambiante, à la colère qui monte, et continuer à s’indigner main dans la main. Après six mois, il n’y a plus de clivage entre volontaire et réfugié, il n’y a plus de statut, ni cette relation de “l’un donne l’autre reçoit”. Juste une équipe d’amis assez hétéroclite qui ne partagent pas la même langue, mais le même combat contre les frontières, sous toutes leurs formes.

Les rencontres que j’ai faites en Grèce m’ont construite plus que n’importe quelles autres dans ma vie. Grâce à elles, j’ai appris que l’amour et l’amitié n’ont pas de frontières ni de langues. J’ai appris que ce qui compte c’est notre capacité à faire confiance et à parier sur la vie. J’aurais des portraits de gens exceptionnels à décrire, mais nous serions encore là demain.

Qu’avez-vous rapporté avec vous de la guerre et de l’exil?
Des bribes d’histoires, de témoignages auxquels je repense comme si je les avais vécus. Ces récits sont teintés de douleurs, de fuites, de séparations, de tortures, de morts, et résonnent encore du bruit des bombes. Plus forts que tout, j’ai aussi ramené les regards d’incompréhension des enfants face à la bêtise des adultes, et leurs cicatrices indélébiles

Beaucoup d’enfants sont nés au cœur du chaos, ou le long de la longue et douloureuse route vers l’Europe, terre promise. L’ancrage dans la dure réalité de la vie lorsqu’on a fui la mort est palpable. La porte à l’imaginaire, au merveilleux, au rêve, à la légèreté est fermée à double tour. Dans la tête des enfants, pas de place pour les animaux qui parlent, pour les hommes qui commandent au soleil et à la tempête. Pas de place pour les princesses aux longs cheveux d’or enfermées dans des tours d’ivoire ou pour les chevaliers vaillants qui, du haut de leurs montures ébène, viennent sauver la destinée des hommes. Dans la tête des enfants, pas de comptines où sautillent nuages colorés, où scintillent des étoiles d’or. Seulement la guerre, la fatigue, le désespoir des adultes, le camp entouré de barbelés et la nourriture sèche de l’armée. Et pourtant… ils ont cette énergie sans bornes qui redonne foi en tout.

Et les jeunes adultes? 
A eux aussi on a volé leur jeunesse. Et c’est presque pire que ce qui arrive aux enfants.  Car eux savent ce qu’est l’abondance, la liberté, le bonheur. Ils ont eu une enfance et savent qu’ils ne seront pas capables de l’offrir à leurs propres enfants. Ils ont commencé des études et des jobs d’été. Ils ont tout arrêté sous la pression des bombes et sont venus chercher un avenir meilleur en Europe. Mais la porte leur est fermée, aussi intelligents, ambitieux et talentueux qu’ils soient. Depuis des mois, ils attendent. Ils aident à la cuisine, au montage et au démontage des infrastructures du camp, ils règlent les disputes entre les enfants ou entre les Kurdes et les Arabes. Ou alors ils se battent, tantôt doux et résignés, tantôt frustrés et désespérés.

« Cette hypocrisie que le pape dénonce est le message le plus important qu’il puisse faire passer dans ce monde agité »

Dans les camps un  petit différend prend des dimensions énormes. Il faut le savoir, tenter de tempérer, ne jamais hausser la voix, ne jamais juger. Les habitants du camp ne sont pas vraiment eux-mêmes. Ils ont perdu tout ce qu’ils avaient: une famille en bonne santé, une maison, de la nourriture sur la table à chaque repas, des vacances au soleil…  Et les voilà dans une carapace de survie qui pousse les émotions à l’extrême, la haine comme l’amour, la joie ou la solidarité. Ce sont ces émotions qui nous font sentir si humains. Plus rien en surface, que cette pure réalité, criante de vérité.

Quel regard posez-vous sur ce que certains appellent la « crise migratoire européenne »?
En Grèce, je suis devenue activiste sans même l’avoir jamais imaginé. Activiste des droits de l’homme, des politiques d’accueil que nous avons sur papier mais que nous n’appliquons pas. Activiste pour l’abaissement des frontières, activiste pour la liberté.
 Malgré les termes apocalyptiques véhiculés par les médias qui parlent « de la pire crise migratoire » que l’Europe ait connu, je n’y crois pas. Il n’y a qu’à comparer notre “crise” avec celle du Liban, de l’Irak, de l’Ouganda. Non, notre crise à nous relève de la gouvernance et du cul-de-sac dans lequel est enfermée l’assistance humanitaire traditionnelle. C’est une crise de compassion plus que de capacité.

En Grèce, j’ai assisté à cette nouvelle génération d’Européens debout, qui ne prétendent pas “faire une différence” mais simplement apporter un peu de leur créativité, dynamisme, et humanité à ceux qui se sentaient oubliés. On est là pour les mêmes raisons, alors on se complète, on s’inspire, on crée ensemble et on partage nos meilleures énergies pour garder du courage. Être simplement là est un acte politique en soi, car c’est l’émergence du nouveau visage de l’Europe humaniste au moment où l’indifférence prime partout.

L’Europe a une forte culture chrétienne. Est-ce que cela lui incombe des devoirs particuliers?
Précisément, c’est cette culture qui devrait nourrir notre ouverture à l’autre, notre foi inestimable en l’autre, en celui qui est comme nous. Penser que les réfugiés et les migrants vont éroder cette culture millénaire est un faux débat. C’est faire mille pas en arrière. Demain, le monde sera métissé, multiculturel, diversifié, et si riche de toutes ces différences. On ne peut pas aller à contre-courant des migrations. Fermer les frontières et ériger nos pays en forteresses n’est pas une solution durable. On ne peut rien contre la marche de ceux qui fuient dans l’espoir d’un avenir où les bombes ne pleuvent plus sur leur tête.

Le pape François a pris position plusieurs fois sur la question des réfugiés, est-ce que cela a eu un écho selon vous?
Bien sûr, son appel à la tolérance et à l’accueil des réfugiés a fait le tour du monde. Ce qu’il dit sur la contradiction de ceux qui veulent défendre le christianisme en Occident tout en étant contre l’accueil des réfugiés et des autres religions me parle beaucoup. Cette hypocrisie qu’il dénonce est le message le plus important qu’il puisse faire passer dans “ce monde agité”. “Tu ne peux pas être chrétien sans vivre comme un chrétien”, rappelle-t-il. Pour moi, c’est la même chose pour toutes les religions, qui ont comme piliers les mêmes valeurs de paix, d’amour et de solidarité. C’est un impératif moral que de mettre en place une réponse coordonnée et efficace pour l’accueil des réfugiés par la communauté politique, la société civile et l’Église. Je trouve que le pape met parfaitement bien en avant le devoir d’hospitalité ancré dans nos cultures occidentales.

Et chez vous, la foi a-t-elle influencé votre engagement?
Pour être honnête, mon chemin de foi est un peu en stand-by. Entre une foi qui m’a été inculquée dans mon enfance et dans laquelle j’ai du mal à me retrouver aujourd’hui, et une nouvelle relation à la religion qui m’est propre. Elle exigera du temps pour être intégrée à ma vie de tous les jours. Je ne peux donc pas dire que ma décision de passer six mois dans les camps de réfugiés a été motivée par Dieu, même si je sais que les valeurs qui m’ont amenée à partir je les ai puisées dans mon éducation chrétienne.

Dans ce monde trop souvent teinté de déceptions, d’intolérance et de manque d’engagement, je crois bien que l’humanité est ce en quoi je crois le plus fermement. Si croire c’est ouvrir les yeux sur les hommes, les femmes et les enfants qui font face à nos frontières hermétiques et dont le seul crime est d’avoir fui la guerre, alors oui je crois et je tiens à vous faire partager mon chemin d’humanité. Je suis aussi profondément convaincue que nous n’avons pas tous les mêmes combats. C’est justement ce qui rend notre jeune génération si riche! J’aimerais simplement aider les gens de chez moi à sortir de leur aveuglement complaisant en leur rappelant les valeurs qui fondent aussi bien nos religions que nos démocraties. C’est la mission qui me tient le plus à cœur!

Quel regard portez-vous sur votre génération?
Je pense que ma génération est dépassée dans un monde qui change trop vite, et dans lequel elle est informée de tout sans pour autant avoir les outils d’action nécessaires.

Nos institutions sont archaïques, les traités d’aide humanitaire le sont aussi. Nous devons aujourd’hui rafraîchir ces systèmes fourre-tout afin de les adapter au monde contemporain, et lier nos combats entre eux. Avec l’aide des nouvelles technologies, des réseaux sociaux, d’un mélange de rêve et d’un peu de raison, nous pouvons être acteurs de plus de justice et d’humanité.

Et ces belles ambitions commencent par aller donner une soupe chaude aux migrants sous le Pont de la Chapelle à Paris, ou des cours de français dans un centre d’accueil près de chez nous. « Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde, écrivait Camus. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse ».  

Est-ce que vous ressentez autour de vous une soif de spiritualité?
Oui, certainement. Un besoin de pouvoir se remettre face aux incompréhensions, aux doutes et aux questions sans réponses. Un besoin de s’élever au-delà des guerres, des conflits et des problèmes de la vie de tous les jours pour se concentrer sur ce qui est beau, ce qui compte vraiment. Pour se rappeler notre finitude et la nécessité de faire ce que l’on juge juste, à notre échelle, sans rien attendre en retour. Cette spiritualité peut s’incarner dans la prière, individuelle ou communautaire, mais aussi dans la méditation, la simplicité et la connaissance de soi. Pour penser plus loin, je trouve que cette soif de spiritualité incarne un besoin plus profond: celui du contact humain et de l’épanouissement à travers l’engagement.

Quel sont vos projets aujourd’hui?
Mon engagement ne fait que commencer. Je viens de passer mon diplôme de secourisme avancé car, cet été, j’aimerais travailler sur les bateaux de sauvetage qui secourent les réfugiés et migrants au large de la Libye pour les amener jusqu’en Italie. La mer est cette zone grise où aucune entité ne se sent vraiment responsable de la mort de centaines de personnes. Alors rien ne se fait. Ah si! On parle de serrer la main à ce gouvernement libyen chaotique et corrompu, pour qu’il tente de garder les gens chez eux. Mais dans des conditions qui violent toutes les valeurs que nous prônons. Vraiment, est-ce ce qu’on peut faire de mieux?

Pour le moment, seules des ONG engagées bravent ce statu quo pour tendre leurs mains aux embarcations en détresses. J’ai une admiration sans limite pour les sauveteurs en mer. Leur engagement dépasse tout, il va plus loin que le devoir ou la compassion. Il est le reflet d’une humanité que l’on croyait perdue. [print-me]


Propos recueillis par Marie Larivé, éditrice. 

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Réfugiés et migrants https://www.revue-sources.org/refugies-migrants-entre-routes-deroutes/ https://www.revue-sources.org/refugies-migrants-entre-routes-deroutes/#comments Wed, 15 Jun 2016 01:54:58 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=1394 [print-me]

Avec la belle saison beaucoup reprennent joyeusement leur bâton de pèlerin. Ils ont soigneusement préparé leur itinéraire, consulté cartes et sites, partagé les expériences de leurs amis. Leur sac pesé et repesé ne contient que du matériel extra léger propice à de longues randonnées. Tout est prévu pour soigner cloques et fièvres, pallier au manque d’eau potable et aux forts écarts de température. Ils partent certes pour l’aventure, mais  cartes d’assurance et de rapatriement en poche et forts de leurs gadgets électroniques.

De l’autre côté de la Méditerranée, autre scénario. Du jour au lendemain des milliers de familles, incluant nouveau-nés, femmes enceintes, personnes âgées et malades,  doivent  tout quitter, parfois en quelques minutes, parce que leur village ou leur quartier est en passe  d’être encerclé par des forces de mort prêtes à tout: violer, torturer, massacrer…

Je rentre d’Arménie

Le 1er avril 2016 les Azéris ont attaqué deux villages du Haut-Karabagh, région autonome peuplée d’Arméniens. Terrorisée, la population civile a fui vers l’arrière-pays et les quelques vieillards qui ont refusé de quitter leur maison ont été sauvagement assassinés, les oreilles coupées en guise de trophée… Un soldat a été décapité, et la Croix-Rouge a découvert un charnier de dix-huit soldats horriblement torturés. Plus de mille personnes, femmes, enfants, vieillards, ont pris le chemin de l’exode, cherchant un abri miséricordieux.

Dans la capitale Erevan sont arrivés depuis deux ans près de dix-sept mille réfugiés: Arméniens de Syrie, Yézidis, Irakiens, voire Ukrainiens et Africains chassés par la guerre, la famine, des pouvoirs oppressifs. Petit pays sans grands moyens, l’Arménie, au 3ème  rang européen quant au taux d’accueil de réfugiés, se met en quatre pour accueillir ces frères condamnés à l’errance. La fondation KASA en a encadré plus d’un millier sur mandat UNHCR.

Mesurons-nous le désarroi, voire l’horreur que connaissent ceux qui sont jetés brutalement sur des chemins inconnus et hostiles?

Les Syriens se confient: «Nos grands-parents ont fui le génocide de 1915 jusqu’aux terribles déserts de Syrie,  et les rares survivants ont échoué à Deir-Ez-Zor ou à Alep. Trois générations plus tard Deir-Ez-Zor a été occupée par le Djihad, l’église chrétienne détruite,  la population contrainte de fuir en toute hâte pour ne pas être massacrée ou obligée de se convertir à l’Islam. Aujourd’hui nous reprenons la route en sens inverse, sans être même sûrs que nous pourrons trouver notre place dans ce pays, certes accueillant, mais qui peine à nourrir ses propres habitants. Sommes-nous condamnés à un éternel nomadisme?»

Pèlerinage insolite en Anatolie

Le 12 juillet dernier Pascal Maguesyan, journaliste franco-arménien, bon connaisseur des chrétiens du Proche-Orient, décide de commémorer les cent ans du génocide arménien et assyro-chaldéen en faisant  un pèlerinage  de trente jours en Anatolie orientale, sur des terres jadis peuplées d’Arméniens:

«Je voulais faire mémoire de ces gens envoyés à la mort par ces marches forcées, Arméniens, Syriaques, Chaldéens… Le but était de parcourir à pied les neuf cent kilomètres de route qui séparent Ani, à la frontière de République d’Arménie, dont les ruines rappellent que la ville fut la capitale de l’Arménie vers l’an mille, jusqu’à Diyarbakir, l’ancienne Dikranakert, la capitale fondée un siècle avant J.-C. par Tigrane le Grand, roi d’Arménie», confie-t-il au journaliste du site cath.ch.

Après 22 jours et 410 km parcourus, Pascal Maguesyan a dû interrompre sa marche, vu la forte tension créée dans la région après l’attentat terroriste de Suruç, à proximité de la frontière avec la Syrie face à Kobané, et la reprise des combats au Kurdistan entre l’armée turque et le PKK.

Ils étaient artisans, commerçants, fonctionnaires, techniciens, médecins, ingénieurs. Saurons-nous les accueillir, les réconforter, les intégrer?

Il pensait participer au grand pèlerinage annuel du 15 août à l’église Sourb Guiragos (Saint Cyriaque)  à Diyarbakir, reconstruite sur  le modèle de la cathédrale du XIVe s. détruite en 1915 et rendue au culte en 2011 avec le soutien des Arméniens et de la municipalité de la ville.  Non seulement  il n’y arrivera pas, mais l’église sera confisquée quelques mois plus tard et mise à mal.

Routes et déroutes, écrivait Nicolas Bouvier. Mesurons-nous le désarroi, voire l’horreur que connaissent ceux qui sont jetés brutalement sur des chemins inconnus et hostiles? Sans bagages, sans équipement adéquat, sans nourriture, livrés au bon vouloir de passeurs sans scrupules et au mépris de populations excédées ou indifférentes?

Belles histoires de solidarité

Elles émanent la plupart du temps des plus pauvres, parce que plus sensibles à la douleur d’autrui. Eux, connaissent la situation de celui qui  n’a pas de quoi se laver, se vêtir, s’abriter, boire ou se soigner. Ils ne se demandent pas s’ils ont une salle de bains séparée à leur offrir. Ils partagent ce qu’ils ont.[1]

Grecs et Italiens en particulier accueillent ces réfugiés avec beaucoup de générosité en dépit de leurs problèmes propres. Certains arrivent en Suisse, en France, en Allemagne. Il y a peu, la plupart vivaient bien, voire mieux que nous ici. Ils étaient artisans, commerçants, fonctionnaires, techniciens, médecins, ingénieurs. Saurons-nous les accueillir, les réconforter, les intégrer?

Revivre le rêve américain

Au XIXème s. des millions d’Européens partirent pour cette terre promise que représentait l’Amérique.

Au XXème s. des millions de  réfugiés traversèrent l’Europe en tout sens, chassés par les guerres, les pogroms, les génocides. Dans une récente interview sur Euronews, Madeleine Albright, première femme à être secrétaire d’Etat aux USA, d’origine tchèque et qui connut deux migrations douloureuses, disait combien son intégration avait été facilitée par l’accueil chaleureux des Américains d’alors. Une histoire pas si lointaine, qui devrait inciter les nantis que nous sommes à ressentir la tragédie de tous ceux qui ne prennent pas la route pour leur plaisir, mais parce qu’elle est pour eux leur seule chance de survie.

La fraternité l’emportera-t-elle sur la fermeture des frontières et des cœurs?

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Monique Bondolfi

Monique Bondolfi

Monique Bondolfi-Masraff, membre de l’équipe rédactionnelle de Sources. D’origine arménienne elle préside à Erevan depuis près de vingt ans  la Fondation humanitaire et de développement KASA. Très sensible de ce fait au génocide qu’a subi son peuple il y a cent ans et à l’émigration forcée qui a suivi, elle est à même de comprendre le désarroi des nouveaux réfugiés qui frappent à nos portes aujourd’hui.

[1] Le directeur local du UNHCR nous racontait combien il avait été bouleversé de rencontrer aux confins de l’Arménie, dans une région menacée par les tirs des voisins, une famille de six personnes vivant dans d’une extrême pauvreté accueillir une autre famille constituée de douze réfugiés.


SIX VOIX

Ce n’est pas la mer qui nous a recueillis,
nous avons recueilli la mer à bras ouverts.
Venus de hauts plateaux incendiés par la guerre et non par le soleil,
nous avons traversé les déserts du tropique du Cancer.

Quand d’une hauteur la mer fut en vue
elle était ligne d’arrivée, pieds embrassés par les vagues.
Finie l’Afrique semelle de fourmis,
par elle les caravanes apprennent à piétiner.

Sous un fouet de poussière en colonne,
seul le premier se doit de lever les yeux.
Les autres suivent le talon qui précède,
le voyage à pied est une piste d’échines.

Erri de Luca, Aller simple, Edition Bilingue. Poèmes. Traduit de l’italien par Danièle Valin, Gallimard, Paris 2015

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Dominique Pire: Une fraternité universelle https://www.revue-sources.org/dominique-pire-une-fraternite-universelle/ https://www.revue-sources.org/dominique-pire-une-fraternite-universelle/#respond Sat, 04 Apr 2015 08:38:02 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=95 [print-me]

Le frère Dominique Pire (1910-1969), Dominicain belge, a montré tout au long de sa vie une compassion active au service des plus faibles, en particulier les réfugiés au lendemain de la seconde guerre mondiale. Il était personnellement sensible aux conditions de vie des personnes déplacées du fait de la guerre et dont personne ne se préoccupait.

Lui-même avait fait l’expérience de l’errance en terre étrangère. Lors de la première guerre mondiale, sa famille avait dû quitter précipitamment la ville de Dinant pour trouver refuge en France (en Normandie, puis en Bretagne). Dans un entretien, le Dominicain fait référence à cette expérience douloureuse: «On nous regarde, on nous plaint, on nous aide. Je suis un réfugié, un D.P [1. D.P.: Displaced Person, Personne Déplacée.]. mais je ne le sais pas. Je ne le saurai, je ne le comprendrai, que trente-cinq ans plus tard, en voyant mes frères des camps…» [2. Hugues VEHENNE,Dominique Pire, Prix Nobel de la Paix. Souvenirs et entretiens, Office de publicité, Bruxelles, 1959, p. 4.]

Le «Hard Core»

«En voyant mes frères des camps…». Dominique Pire découvre la situation dramatique des réfugiés de la deuxième guerre mondiale. Un peu par hasard. Régulièrement, il invitait un conférencier pour aborder un thème avec un groupe de jeunes. Au début de l’année 1949, il reçoit l’ancien directeur d’un camp de réfugiés situé en Autriche. Il prend conscience de la vie de ces personnes venues de l’Est après avoir fui les combats.

Ces réfugiés, se comptant par milliers, étaient regroupés tant en Allemagne qu’en Autriche. Après leur victoire, les Alliés s’occupèrent de réinsérer les réfugiés les plus rentables. Les professions utiles à la reconstruction étaient privilégiées (maçons, menuisiers,…). Cependant, il restait un groupe non rentable, surnommé le «Hard Core» (noyau dur), un résidu composé essentiellement de malades, de vieillards, de femmes et d’enfants, abandonnés dans des baraquements insalubres. Bouleversé, Dominique Pire veut réagir de toutes ses forces.

Les parrainages

Avec des amis, il réfléchit aux actions qui pourraient être menées en faveur de ces laissés-pour-compte. La première idée fût d’écrire aux réfugiés dont on avait les noms. Ainsi naquit l’Aide aux Personnes Déplacées (APD).

Ensuite, Dominique Pire va sur place, en Autriche, sans visa ni passeport, car le temps presse. Il visite différents camps et mesure l’ampleur des besoins. Il constate la présence de bonnes volontés, mais aussi la discrimination dont font preuve les différentes organisations d’aide, chacune voulant s’occuper des «siens».

Il a déçu plus d’un catholique bien pensant en affirmant qu’il ne se souciait pas d’évangélisation, mais de dignité.

Animé par la conviction profonde que toute personne est digne d’amour et de respect, le Dominicain lance une politique d’aide inspirée par l’Evangile. Il tient à aider les réfugiés, sans se demander quelles sont leurs croyances. Au retour de sa visite des camps, il se mobilise au service de ses frères déracinés. Rapidement, il crée un réseau de parrainages reposant sur les bonnes volontés qui acceptent d’écrire et d’envoyer des colis aux réfugiés. L’attention à l’autre est aussi importante que l’aide matérielle. On comptera jusque 18.000 parrainages.

L’«Europe du cœur»

Puis vient la fondation en Belgique de quatre homes pour personnes âgées réfugiées, ainsi que les villages européens. Afin de favoriser une intégration sur place, à proximité des villes, il bâtit pas moins de sept villages, regroupant chacun une vingtaine de familles. Ces villages sont répartis en Belgique, en Allemagne et en Autriche. Toutefois, pour réaliser ses projets, le frère dominicain doit convaincre les autorités et parfois briser les résistances. Il publie un bulletin d’informations (80.000 exemplaires), collecte des fonds, visite les camps et répond à un courrier très abondant.

Le frère Dominique a toujours refusé d’appartenir aux organismes catholiques en raison d’une volonté de neutralité. Ce qui lui valut de nombreuses critiques. Il a déçu plus d’un catholique bien pensant en affirmant qu’il ne se souciait pas d’évangélisation, mais de dignité. Il soulignait qu’il recevait des dons tant des évêchés que des loges maçonniques. Par ailleurs, il avait le talent de faire travailler des collaborateurs fort différents. Sans se décourager, Dominique Pire réalisa son projet d’une «Europe du cœur».

Son audace et son dévouement ont été récompensés par le Prix Nobel de la Paix, qui lui fut décerné le 10 novembre 1958. Tous les organismes fondés par lui existent encore de nos jours.

«Université de la Paix»

Dominique Pire a toujours suivi son intuition: faire croître le respect mutuel. Il a insisté sur l’importance du dialogue fraternel où chacun tente de se mettre à la place de l’autre. Son engagement s’est finalement étendu aux dimensions de la planète. Ainsi, l’«Université de Paix» (1960) et les «Iles de Paix» (1962). La première visait à promouvoir un dialogue interculturel et interreligieux à partir d’une réflexion sur les conditions de faire advenir une paix mondiale. Les secondes devaient permettre à une région du Tiers-Monde d’améliorer son niveau de vie par l’acquisition de nouvelles compétences.

Jusqu’à la fin de sa vie, Dominique Pire s’est fait l’avocat des «sans voix». Son message continue de nous inspirer. Cette maxime sortie de sa bouche vaut tout un programme «Mettre provisoirement entre parenthèses ce qu’on est et ce qu’on pense pour comprendre et apprécier positivement, même sans le partager, le point de vue de l’autre ».

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Le frère dominicain belge Pierre-Yves Materne, réside au couvent de Bruxelles, tout en exerçant sa profession d’avocat au barreau de Bruxelles. Il est aussi chargé de cours à l’Université catholique de Louvain-la-Neuve.

 

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Asile: Une politique juste et accueillante https://www.revue-sources.org/asile-une-politique-juste-et-accueillante/ https://www.revue-sources.org/asile-une-politique-juste-et-accueillante/#respond Mon, 01 Oct 2012 09:40:51 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=712 [print-me]

Autour de l’asile, les débats politiques sont très vifs et durs en Suisse. La récente révision de la loi sur l’asile au parlement l’illustre bien. En parallèle, des chiffres sur la petite et grande criminalité, en particulier sur le trafic de drogue sont publiés. La nationalité et le statut des auteurs de ces délits sont cherchés et analysés.

La barque serait-elle pleine?

Les évènements dans certains pays du sud provoquent des flux migratoires nouveaux et importants. Des liens se font et même des amalgames. On focalise sur tous ceux et celles qui ne correspondent pas au cadre légal et au statut de réfugié, que ce soit à leur arrivée ou durant la procédure. Ils devraient repartir.

Toutefois, la réalité n’est pas si simple. La cohabitation entre ces groupes et les résidants de ce pays est compliquée. La tendance dominante est de vouloir résoudre une partie des difficultés par de nouveaux durcissements des conditions d’octroi de l’asile.

Il est nécessaire de penser le rapport à l’autre d’un point de vue anthropologique, historique et surtout éthique.

N’est-ce pas une option réductrice et partielle? On ressent un malaise, de l’impuissance, de l’insécurité. On prend aussi conscience que les personnes qui ne sont ni citoyennes de pays de l’Union européenne ni très qualifiées n’ont que l’asile ou la clandestinité comme voies d’accès en Suisse. Notre tradition d’hospitalité est interpellée et même remise en cause.

Penser autrement

Je soutiens qu’une partie des difficultés dans le domaine de l’asile en Suisse diminuerait si nous déplacions le débat. Comment établir une politique juste envers tous les immigrants et les nations d’où ils proviennent?

Je propose une prise de hauteur et de recul. Il est nécessaire de penser le rapport à l’autre d’un point de vue anthropologique, historique et surtout éthique, tant à un niveau interpersonnel que collectif entre peuples et nations. Cette démarche éviterait une approche très fragmentaire de la réalité, en refusant de se concentrer sur tel ou tel groupe de migrants ou sur tel problème précis.

Je pars d’une conviction fondamentale et éthique: l’appartenance de tous les hommes et femmes à une commune humanité, tout en relevant que les conditions d’existence sont extrêmement différentes. Ces particularités sont dues au hasard du lieu de naissance et à sa date. Cette réalité est insuffisamment mise en évidence, à mon avis. Elle implique à la fois un rapport non-possessif et non-exclusif à la terre et au territoire, tout en admettant l’importance d’appartenir à une communauté ou à une nation. Cette appartenance doit permettre d’assurer la couverture des besoins fondamentaux, de s’humaniser par la parole et les échanges, de pouvoir trouver son identité singulière et particulière et de s’ouvrir à la diversité des personnes tant à l’intérieur de sa communauté que parmi les autres nations.

Ainsi, une grande cohérence doit être recherchée tant au niveau personnel que collectif dans les différents domaines du rapport à l’autre. L’enjeu est d’arriver à distinguer et articuler une politique migratoire, une politique d’asile, une politique d’intégration, une politique de développement et de coopération, une politique étrangère dans une politique envers les étrangers qui partagent notre commune humanité, mais qui sont différents de nous.

Une politique hospitalière et juste

Je préfère parler d’esquisse en raison de l’ampleur de la matière abordée, de l’approche personnelle développée, et des caractères évolutifs de la matière. Elle pourrait être affinée à l’avenir. Neuf axes forts, qui concernent les différents niveaux de relation et d’action avec les étrangers, peuvent être proposés pour orienter nos réflexions, nos engagements et nos choix de société:

Une politique envers les étrangers hospitalière et juste doit composer entre la conscience d’une appartenance commune à l’humanité et les limites des ressources disponibles.

Elle implique une cohérence entre les différents types d’échanges avec chaque pays, que ce soit au niveau des personnes ou des biens. Elle est confrontée à une grande diversité de populations présentant des attentes et des demandes plurielles.

Cette politique envers les étrangers est en tension entre un idéal de relations plus justes et des décisions pragmatiques à prendre.

Elle permet à chaque personne, quelle que soit sa provenance, d’avoir les mêmes chances pour être admise, puis pour obtenir l’accès à la citoyenneté et aux droits politiques qui en découlent.

Elle favorise une intégration par une reconnaissance sociale des apports des personnes étrangères dans les différents domaines et une reconnaissance juridique en accordant les droits sociaux. Elle développe au sein de la population, en particulier dans l’administration, une attitude hospitalière caractérisée par un respect de l’histoire et de la culture de la personne.

Elle privilégie l’accueil des migrants en danger grave et cherchant refuge. Dans le domaine spécifique de l’asile, une politique juste doit protéger les requérants contre l’arbitraire administratif; ils doivent être traités de manière équitable et avoir des possibilités de recours contre toute décision. Les requérants doivent être accueillis et socialisés de manière humaine durant le temps de la procédure et pouvoir jouir de l’essentiel des droits humains, y compris les droits culturels et même le droit au travail et à la formation dans la mesure d’un juste équilibre avec le marché du travail organisé.

Elle ne peut pas laisser volontairement dans une impasse et dans la durée des personnes déboutées de la procédure d’asile. Elle doit soit leur permettre une régularisation, soit développer avec eux un projet de retour ou de migration en créant des accords et des partenariats avec les pays concernés.

Elle accorde un statut juridique, de manière équitable, aux personnes sans autorisation de séjour établies depuis un certain temps et dotées d’un travail afin de régulariser une situation de fait.

Une nation, par ses différentes institutions publiques et civiles, doit apporter une contribution au développement durable des autres nations et peuples proportionnelle à sa taille et à sa richesse.

Cette politique envers les étrangers est en tension entre un idéal de relations plus justes et des décisions pragmatiques à prendre. Elle est donc sans cesse remise en question par des évènements sur le territoire et au niveau international. Elle admet une part d’impuissance et d’échecs face à l’immensité des flux migratoires et aux positionnements d’autres Etats, tout en privilégiant les droits fondamentaux de chaque personne.

Multiples défis

Cette esquisse doit naturellement être soumise à discussion et négociée dans l’espace publique. La réalisation concrète de chacun de ces axes est une tâche de grande ampleur et qui ne devrait pas s’arrêter. En effet, le rapport à l’autre, qu’il soit un individu, un groupe ou un peuple, est une caractéristique de notre être au monde. Que ce rapport à l’autre devienne hospitalier et juste est une responsabilité à exercer. Elle peut être assumée par toute femme et tout homme, quelles que soient leurs croyances.

La tradition judéo-chrétienne, le comportement de Jésus, un Dieu qui se révèle comme Juste et Hospitalier peuvent nourrir, convertir, guider et inspirer cette responsabilité personnelle et collective envers l’autre. Une réflexion éthique pourrait aussi être développée sur la responsabilité des personnes étrangères débarquant dans un nouveau pays, en prenant en compte la diversité de leurs parcours. 

[NDLR: Cet article reprend les grandes lignes d’un mémoire rédigé par Michel Racloz pour l’obtention d’un certificat en éthique du travail social, intitulé: « Une politique envers les étrangers hospitalière et juste. A quelle hauteur éthique se situe la Suisse?« .]

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Michel Racloz, au terme d’une formation en politique sociale et en théologie, fut animateur socioculturel, puis responsable du département « Solidarité » de l’Eglise catholique du canton de Vaud. Actuellement, il est délégué du Vicaire Episcopal dans ce même canton.

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