papes – Revue Sources https://www.revue-sources.org Wed, 04 Jan 2017 12:39:29 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.3.1 Le nom de Dieu est miséricorde https://www.revue-sources.org/nom-de-dieu-misericorde/ https://www.revue-sources.org/nom-de-dieu-misericorde/#respond Wed, 30 Mar 2016 10:07:18 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=1309 Pape François, Le nom de Dieu est miséricorde. Conversation avec Andrea Tornielli, Robert Laffont, Renaissance, Paris, 2016, 170 p.


Parmi les nombreuses publications durant cette Année de la miséricorde, Guy Musy retient un livre, « fascinant »: Le nom de Dieu est miséricorde. Une intereview du pape François sur le thème de la miséricorde menée par la journaliste italienne Andrea Tornielli.

Pape François, Le nom de Dieu est miséricorde. Conversation avec Andrea Tornielli, Robert Laffont, Renaissance, Paris, 2016, 170 p.

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Confirmation de l’Ordre des Prêcheurs https://www.revue-sources.org/confirmation-de-lordre-des-precheurs/ https://www.revue-sources.org/confirmation-de-lordre-des-precheurs/#respond Fri, 01 Jan 2016 10:14:35 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=437 [print-me]

Le pape Honorius III loue le zèle du prieur Dominique et des frères de Saint-Romain, prêcheurs au pays de Toulouse. Il les exhorte à persévérer avec courage et leur accorde le privilège d’être les «fils spéciaux» du Saint-Siège. Bulle donnée au Latran, le 21 janvier 1217.

Honorius, évêque, serviteur des serviteurs de Dieu, à ses chers fils le prieur et les frères de Saint-Romain, prêcheurs au pays de Toulouse: salut et bénédiction apostolique.

Nous rendons de dignes actions de grâces au dispensateur de toutes grâces pour la grâce de Dieu qui vous est donnée dans laquelle vous restez et resterez établis, nous l’espérons, jusqu’à la fin.

En effet, brûlant à l’intérieur de la flamme de la charité, vous répandez au-dehors le parfum d’une réputation qui réjouit les âmes saines et rétablit les malades. A celles-ci, vous présentez en médecins zélés les mandragores spirituelles pour qu’elles ne demeurent pas stériles, vous les fécondez par la semence de la parole de Dieu par votre éloquence salutaire. Ainsi, comme de fidèles serviteurs, vous placez les talents qu’on vous a confiés, pour en rapporter le double au Seigneur. Ainsi, comme des athlètes invaincus du Christ, armés du bouclier de la foi et du casque du salut, sans craindre ceux qui peuvent tuer le corps, vous tirez avec magnanimité contre les ennemis de la foi la parole de Dieu, plus pénétrante qu’un glaive à deux tranchants. Ainsi, vous haïssez vos âmes en ce monde, afin de les garder pour la vie éternelle.

que confirmés de plus en plus dans le Seigneur, vous vous appliquiez à annoncer la parole de Dieu en insistant à temps et à contretemps

Du reste, parce que c’est le succès et non pas le combat qui obtient la couronne et que seule la persévérance, parmi toutes les vertus qui concourent dans le stade, remporte le prix proposé, nous adressons à votre charité cette demande et cette exhortation pressante, vous en faisant commandement par ces lettres apostoliques et vous l’imposant en rémission de vos péchés: que confirmés de plus en plus dans le Seigneur, vous vous appliquiez à annoncer la parole de Dieu en insistant à temps et à contretemps, pour accomplir pleinement et de manière digne d’éloge votre tâche de prédicateur de l’Evangile. Si vous avez à souffrir des tribulations pour cette cause, ne vous contentez pas de les supporter avec une âme égale: tirez-en gloire, avec l’apôtre et réjouissez-vous en elles de ce qu’on vous a jugés dignes d’endurer des outrages pour le nom de Jésus car cette affliction légère et temporaire produit un immense poids de gloire auquel on ne peut comparer les souffrances du temps présent.

Nous aussi, qui désirons vous réchauffer de notre faveur comme des fils spéciaux, nous vous demandons d’offrir au Seigneur à notre intention le sacrifice de vos lèvres pour obtenir peut-être par vos suffrages ce que nous ne pouvons par nos mérites.

Donné au Latran, le XII des calendes de février, l’an premier de notre pontificat.

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Servir l’Eglise ou sa patrie? Le dilemme du père Sertillanges https://www.revue-sources.org/servir-leglise-patrie-dilemme-pere-sertillanges/ https://www.revue-sources.org/servir-leglise-patrie-dilemme-pere-sertillanges/#comments Sat, 04 Apr 2015 08:49:16 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=101 [print-me]

Quand le Père Antonin-Dalmace Sertillanges monte en chaire de l’église de la Madeleine à Paris, ce lundi 10 décembre 1917, il est une des figures connues de l’Eglise catholique en France. Professeur de philosophie à l’Institut catholique, prédicateur fameux, il est aussi un écrivain à succès. Il sait relire la vie et les questions de ses contemporains à la lumière de la foi, dans une langue simple et claire.

Prêtres collecteurs d’or

Les circonstances sont assez curieuses. Le père Sertillanges a été sollicité par l’archevêque de Paris, le cardinal Amette, pour manifester le concours des catholiques à l’effort de guerre. Il s’agit d’inviter les fidèles, et au-delà tous les citoyens de bonne volonté, à donner leur or. Le gouvernement vient de lancer un nouvel emprunt pour payer les canons, les obus, le fil de fer barbelée, les aéroplanes…

L’engagement sans réserve des catholiques et de leurs prêtres dans le combat va réconcilier l’Eglise et la nation après soixante-dix ans de méfiance réciproque.

Le Père Sertillanges remercie d’emblé le cardinal d’avoir fait des prêtres « des collecteurs d’or. L’or étant le signe et l’un des moyens principaux de la puissance française, il convenait de le mettre au service de la patrie. Toutes les paroisses sont devenues des guichets où le peuple apporte son or et retire un témoignage de civisme. »

Comme ces mots sonnent bizarres à nos oreilles, cent ans après! Mais le contexte explique en partie cette phraséologie déroutante. La guerre totale mobilise toutes les ressources nationales, l’Eglise, les paroisses, le clergé y compris. Il s’agit d’un combat contre le mal, incarné par l’Allemagne, comme vient d’ailleurs de le déclarer le Président Wilson à Washington. En outre, l’Eglise joue une partie décisive: l’engagement sans réserve des catholiques et de leurs prêtres dans le combat va réconcilier l’Eglise et la nation après soixante-dix ans de méfiance réciproque.

Très saint Père, non! Non!

Dans cette affaire, le Père Sertillanges est l’homme-lige de l’épiscopat français. Le cardinal Amette est présent à la Madeleine, il a donné son nihil obstat au texte du Dominicain. Mais si ce discours va rester dans les mémoires, c’est parce qu’il explique dans des termes sans équivoque la volonté française.

La France ne veut pas d’une paix bradée. Le père Sertillanges répond au nom de la France au plan de paix proposé par le pape Benoit XV à tous les belligérants le 1er août 1917. Il proposait une paix blanche et un désarmement des nations, pour mettre fin à la boucherie, sauver la monarchie catholique autrichienne et contrarier les rêves de revanche. La réponse des Alliés tarde à venir.

« Nous sommes des fils qui disent Non, non, comme le rebelle apparent de l’Evangile ».

L’envoyé en Suisse de la chancellerie pontificale, Mgr Marchetti, s’étonne le 5 septembre du silence du Quai d’Orsay: « Le pape est mortellement blessé par le refus de l’Entente (Royaume-Uni, France, Russie) de répondre à sa note; que la France réponde quelque chose, n’importe quoi: toute lettre appelle réponse! « [1. Nathalie Renoton-Beine, La colombe et les tranchées – les tentatives de paix de Benoit XV pendant la Grande Guerre, Cerf, 2004, p. 298.]

La réponse, c’est le Père Sertillanges qui la donne ce jour-là: « Très Saint Père, nous ne pouvons pas pour l’instant, retenir vos appels de paix. Nous sommes des fils qui disent Non, non, comme le rebelle apparent de l’Evangile. La France n’a pas confiance dans la bonne volonté de ses ennemis. Dès lors, nous ne pouvons croire à une paix de conciliation. Nous nous sentons dans la nécessité d’amener notre ennemi à connaître l’angoisse, seule leçon qu’il paraisse en état de goûter. Nous le vaincrons. Après nous demanderons trois choses: des réparations, des restitutions, des garanties ». C’est exactement le programme de Clémencau, l’homme fort que la France vient de se choisir pour parvenir à la victoire sans concession.

Machiavélisme politique: le gouvernement anticlérical français ne veut aucun contact officiel avec le pape. Pour lui répondre de manière détournée, il n’utilise pas la voie d’un diplomate officieux, mais le discours d’un Dominicain dans une église!

Le pape attendra cinq ans avant de sévir

Benoit XV est scandalisé. Le cardinal Gasparri, ministre des Affaires Etrangères du pape, réclame la démission du Père Sertillanges. Pour le protéger, l’Etat français le fait élire membre de l’Académie des Sciences Morales et Politiques et le nomme Chevalier de la légion d’honneur. L’Institut catholique met en garde la Curie romaine contre une sanction qui serait considérée comme un acte politique hostile.

Le pape attendra donc une Assemblée nationale plus favorable en France, ainsi que le rétablissement des relations diplomatiques. En 1922, il exigera la mise à la retraite du Dominicain, il lui interdira d’enseigner, l’exilera à Jérusalem puis en Hollande. Les Présidents de la République Poincaré et Millerand auront beau plaider pour l’ancien porte-parole de la France en guerre, rien n’y fera.

Servir la patrie ou obéir au pape?

La question de fond que pose le discours de la Madeleine, c’est celle de l’autorité morale: dans un pays en guerre, en crise grave, un religieux, un chrétien doit-il préférer le service commandé par les autorités de la patrie plutôt que l’obéissance au pape qui, lui, envisage le bien commun supranational?

C’est le critère de la charité qui permettrait de trancher devant un choix cornélien. Le Père Sertillanges doit obéissance au Siège apostolique. Mais l’amour de son pays lui semble plus important qu’une parole du pape qui, de plus, n’était pas en l’occurrence une norme, mais un appel.

C’est la charité envers son pays, l’amour de la nation qui justifie la dispense faite au Père Sertillanges par le cardinal Amette.

C’est donc bien un choix de la conscience en situation, dont on ne peut aucunement conclure que le Père Sertillanges était un rebelle définitivement, la transgression étant liée à une situation précise. C’est lorsqu’elle se développe dans le temps, coupée de sa situation d’origine, qu’elle devient une déviance. Saint Thomas d’Aquin, que le père Sertillanges enseignait, écrit: « celui qui, en cas de nécessité, agit indépendamment du texte de la loi, ne juge pas la loi elle-même, mais seulement un cas singulier où il semble qu’on ne doive pas tenir compte des termes de la loi. »(Ia IIæ, q. 96, a. 6, ad 1.)

Pour comprendre le choix du Père Sertillanges, on doit aussi ne pas oublier qu’il obéissait à l’Ordinaire du lieu. La légitimité de l’archevêque de Paris incluait donc le devoir patriotique. Dans le Traité du précepte et de la dispense de saint Bernard on lit au §5: « Aussi, tant que les obligations favorisent la charité, elles sont stables et inviolables et les supérieurs eux-mêmes ne peuvent les changer sans pécher. […] Au contraire, deviennent-elles nuisibles à la charité, c’est à ceux qui doivent en juger, qu’il appartient d’y pourvoir: ne vous semble-t-il pas en effet de toute justice que ce qui a été établi pour la charité soit omis, interrompu ou changé en quelque chose de meilleur dès que la charité le réclame, et de tout injustice au contraire, de maintenir contre la charité ce qui n’a été établi qu’en sa faveur?  » C’est la charité envers son pays, l’amour de la nation qui justifie la dispense faite au Père Sertillanges par le cardinal Amette.

La guerre plutôt que la paix!

Cependant, si Sertillanges est dispensé de soutenir l’avis du pape, et s’il est même encouragé à exprimer une opinion contraire, il ne faut pas perdre de vue l’objet de l’invitation pressante faite aux belligérants. C’est un appel à la paix! Le Père Sertillanges se range lui du côté de la guerre, d’une violence revendiquée. Il assume un monceau de morts dans la boue, la souffrance terrible imposée à des millions de personnes, le sacrifice d’une génération entière.

Le ressentiment vis-à-vis de la victoire prônée par le Père Sertillanges alimentera l’idéologie d’Adolph Hitler.

L’année 1918, qui voit la reprise de la guerre de mouvement, sera l’une des plus meurtrières du conflit. Le Dominicain défend le bien apparent de son pays contre le bien commun de toute l’humanité que vise Benoît XV. Et on peut même discuter de la réalité du bienfait pour la France. Des centaines de milliers de jeunes morts supplémentaires entre août 1917 et novembre 1918, un pays ruiné, qui sera rendu frileux au moment de s’opposer à la montée du nazisme.

Le pape envisageait la restitution de l’Alsace-Lorraine en échange des territoires conquis par l’armée allemande sur l’empire russe. Les deux autres revendications françaises qui justifient la guerre jusqu’au bout et qui sont exprimées dans le discours de la Madeleine étaient la réparation et les garanties, c’est-à-dire le remboursement des dégâts et la démilitarisation de l’Allemagne.

Ces deux points vont humilier durablement le pays vaincu, susciter une volonté de revanche et n’empêcheront pas la répétition du conflit vingt ans plus tard. Au contraire, le ressentiment vis-à-vis de la victoire prônée par le Père Sertillanges alimentera l’idéologie d’Adolph Hitler.

Au discours belliciste du Père Sertillanges on ne peut qu’opposer le témoignage des humbles combattants, terrorisés dans leurs tranchées. Gabriel Chevallier écrit dans son roman La peur« La guerre a tué Dieu, aussi! A vingt ans, nous étions sur les mornes champs de bataille de la guerre moderne, où l’on usine les cadavres en série, où l’on ne demande au combattant que d’être une unité du monde immense et obscur qui fait les corvées et reçoit les coups, une unité de cette multitude qu’on détruisait patiemment, bêtement, à raison d’une tonne d’acier par livre de jeune chair « .

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Le frère dominicain Philippe Verdin est prieur du couvent Saint-Nom-De-Jésus à Lyon.

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«Derrière toi jusqu’à la mort!» https://www.revue-sources.org/derriere-toi-jusqua-la-mort/ https://www.revue-sources.org/derriere-toi-jusqua-la-mort/#respond Thu, 01 Jan 2015 14:16:23 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=219 [print-me]

Pourquoi s’engager au service du Pape?

Un cumul de raisons m’ont conduit à faire mes valises et à les déposer au Vatican. Tout d’abord ma foi. Le Pape est un personnage incontournable dans la vie d’un catholique. Il est successeur de Pierre, l’apôtre sur qui le Christ a bâti son Eglise. Je regardais donc avec une certaine admiration ces gardes servir le Pape. Il y eut aussi l’attrait de la vie communautaire. Les expériences inoubliables vécues avec les collègues resteront l’un des points phares de mes deux ans de service à Rome.

De plus, j’avais envie d’aventures. Le fait de quitter la maison paternelle pour découvrir un nouveau lieu, qui plus est dans un autre pays, me réjouissait beaucoup. Rome est une ville remarquable avec ses lieux riches en histoire, sa culture et sa gastronomie. Mes sorties furent autant de surprises…

Est-on réellement prêt à donner sa vie pour le Pape?

Profondément convaincu de la mission qui m’a été confiée, j’étais prêt à donner ma vie pour le Saint-Père et je le suis toujours, puisqu’un Garde Suisse le reste à vie.

Comme le dit l’évangile de Jean: « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15,13).

Il ne faut cependant pas prendre mes propos comme ceux d’un fan de pop star. Nous sommes, tout comme des militaires professionnels, appelés à servir les intérêts de notre pays, en l’occurrence ceux du Saint- Siège. Une de nos missions consiste à protéger le Pape et le collège des cardinaux lors de la vacance du siège apostolique. Et cela, « de toutes nos forces; sacrifiant, si nécessaire, notre vie pour leur défense » (extrait du serment d’un Garde Suisse). Ce geste, tel que je le perçois, est un abandon total. En sacrifiant notre vie, nous nous donnons totalement à l’autre. Comme le dit l’évangile de Jean: « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15,13).

Que retire-t-on d’un tel engagement?

Cet engament a marqué profondément ma manière de vivre ma foi. Dans ma jeunesse, aller à la messe représentait aux yeux de mes camarades quelque chose d’incompréhensible. De ce fait, je me taisais sur mes convictions. La Garde Suisse a totalement changé la donne. En effet, nous sommes dans un milieu où la majorité se « bat » pour les mêmes idées et les assument. Je ne suis pas prosélyte, mais si quelqu’un m’aborde et me demande si je crois en Dieu, je ne vais plus esquiver la question.

Mon engagement fut aussi l’occasion d’apprécier des valeurs tels que le respect, l’amitié, la confiance, la fidélité ou encore la rigueur. Ce ne sont pas que des mots qui passent plus ou moins bien dans un CV, mais un savoir être et un savoir vivre qu’il est possible de reproduire au quotidien.

Comment vivez-vous l’engagement aujourd’hui?

Je ne suis pas un saint et Dieu sait que la route est longue pour y parvenir. Je m’efforce donc de vivre selon l’Evangile en me comportant le mieux possible et en essayant de faire transparaître la joie et l’amour du Christ qui m’animent au quotidien.

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Loïc Fahrni fut l’un des trente-trois Gardes Suisses qui en mai 2006 prêtèrent serment de fidélité au pape Benoît XVI. Aujourd’hui, marié et père de deux enfants, il est administrateur du Centre Catholique Romand de Formations en Eglise (CCRFE). Sources l’a rencontré.

 

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L’icône du bon samaritain https://www.revue-sources.org/licone-du-bon-samaritain/ https://www.revue-sources.org/licone-du-bon-samaritain/#respond Tue, 01 Apr 2014 15:14:54 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=252 [print-me]

Extraits du message du pape François pour la journée mondiale des communications sociales du dimanche 1 juin 2014.

Comment la communication peut-elle être au service d’une authentique culture de la rencontre? Et pour nous, les disciples du Seigneur, que signifie rencontrer une personne selon l’Évangile? Comment est-il possible, malgré toutes nos limites et nos péchés, d’être vraiment proches les uns des autres? Ces questions se résument à celle qu’un jour un scribe, c’est-à-dire un communicateur, posa à Jésus: «Et qui est mon prochain ?» (Lc 10, 29). Cette question nous permet de comprendre la communication en termes de proximité. Nous pourrions la traduire ainsi: comment se manifeste la «proximité» dans l’utilisation des moyens de communication et dans le nouvel environnement créé par les technologies numériques? Je trouve une réponse dans la parabole du bon Samaritain, qui est aussi une parabole du communicateur. Celui qui communique, en effet, se fait proche. Et le bon Samaritain non seulement se fait proche, mais il prend en charge cet homme qu’il voit à moitié mort sur le bord de la route. Jésus renverse la perspective: il ne s’agit pas de reconnaître l’autre comme mon semblable, mais de ma capacité de me faire semblable à l’autre. Communiquer signifie alors prendre conscience d’être humains, enfants de Dieu. J’aime définir ce pouvoir de la communication comme «proximité».

Lorsque la communication est destinée avant tout à pousser à la consommation ou à la manipulation des personnes, nous sommes confrontés à une agression violente comme celle subie par l’homme blessé par les brigands et abandonné au bord de la route, comme nous le lisons dans la parabole. En lui le lévite et le prêtre ne considèrent pas leur prochain, mais un étranger dont il valait mieux se tenir à distance. À ce moment, ce qui les conditionnait, c’étaient les règles de pureté rituelle. Aujourd’hui, nous courons le risque que certains médias nous conditionnent au point de nous faire ignorer notre véritable prochain.

Il ne suffit pas de passer le long des «routes» numériques, c’est-à-dire simplement d’être connecté: il est nécessaire que la connexion s’accompagne d’une rencontre vraie.

Il ne suffit pas de passer le long des «routes» numériques, c’est-à-dire simplement d’être connecté: il est nécessaire que la connexion s’accompagne d’une rencontre vraie. Nous ne pouvons pas vivre seuls, renfermés sur nous-mêmes. Nous avons besoin d’aimer et d’être aimés. Nous avons besoin de tendresse. Ce ne sont pas les stratégies de communication qui en garantissent la beauté, la bonté et la vérité. D’ailleurs le monde des médias ne peut être étranger au souci pour l’humanité, et il a vocation à exprimer la tendresse. Le réseau numérique peut être un lieu plein d’humanité, pas seulement un réseau de fils, mais de personnes humaines. La neutralité des médias n’est qu’apparente: seul celui qui communique en se mettant soi-même en jeu peut représenter un point de référence. L’implication personnelle est la racine même de la fiabilité d’un communicateur. Pour cette raison, le témoignage chrétien, grâce au réseau, peut atteindre les périphéries existentielles.

Je le répète souvent: entre une Église accidentée qui sort dans la rue, et une Église malade d’autoréférentialité, je n’ai pas de doutes: je préfère la première. Et les routes sont celles du monde où les gens vivent, où l’on peut les rejoindre effectivement et affectivement. Parmi ces routes, il y a aussi les routes numériques, bondées d’humanité, souvent blessée: hommes et femmes qui cherchent un salut ou une espérance. Aussi grâce au réseau, le message chrétien peut voyager «jusqu’aux extrémités de la terre» (Ac1, 8). Ouvrir les portes des églises signifie aussi les ouvrir dans l’environnement numérique, soit pour que les gens entrent, quelles que soient les conditions de vie où ils se trouvent, soit pour que l’Évangile puisse franchir le seuil du temple et sortir à la rencontre de tous. Nous sommes appelés à témoigner d’une Église qui soit la maison de tous. Sommes-nous en mesure de communiquer le visage d’une telle Église? La communication contribue à façonner la vocation missionnaire de l’Église tout entière, et les réseaux sociaux sont aujourd’hui l’un des endroits pour vivre cet appel à redécouvrir la beauté de la foi, la beauté de la rencontre avec le Christ. Même dans le contexte de la communication il faut une Église qui réussisse à apporter de la chaleur, à embraser le cœur. (…)

Que l’icône du bon Samaritain, qui soigne les blessures de l’homme blessé en y versant de l’huile et du vin, soit notre guide. Que notre communication soit une huile parfumée pour la douleur et le bon vin pour l’allégresse. Notre rayonnement ne provient pas de trucages ou d’effets spéciaux, mais de notre capacité de nous faire proche de toute personne blessée que nous rencontrons le long de la route, avec amour, avec tendresse. N’ayez pas peur de devenir les citoyens du territoire numérique. L’attention et la présence de l’Église sont importantes dans le monde de la communication, pour dialoguer avec l’homme d’aujourd’hui et l’amener à rencontrer le Christ: une Église qui accompagne le chemin, sait se mettre en marche avec tous. Dans ce contexte, la révolution des moyens de communication et de l’information est un grand et passionnant défi, qui requiert des énergies fraîches et une nouvelle imagination pour transmettre aux autres la beauté de Dieu.

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Numérique et nouvelle évangélisation https://www.revue-sources.org/numerique-et-nouvelle-evangelisation/ https://www.revue-sources.org/numerique-et-nouvelle-evangelisation/#respond Tue, 01 Apr 2014 15:07:45 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=247 [print-me]

Puisque le Dieu de la foi chrétienne est Trinité et relation, et qu’il a choisi de se révéler à l’homme en conversant avec lui comme avec un ami (Dei Verbum, n. 2), l’entreprise théologique ne peut faire l’économie d’une réflexion générale sur la communication, et plus précisément, dans le contexte du 3e millénaire commençant, sur les nouvelles technologies de l’information (les NTIC). Car le christianisme n’est pas une «religion du livre», mais de l’image (eikôn en grec, qui donne icône en français), de l’image faite chair par le mystère de l’Incarnation.

En Jésus-Christ, le «virtuel» du dessein divin est réel. D’où l’importance de discerner dans quelle mesure les «médias virtuels» se placent au service d’une «authentique culture de la rencontre» avec le réel (selon le titre du message du pape François pour la 48e Journée mondiale des communications sociales (JMCS) de 2014) et peuvent jouer un rôle pour la transmission de la foi.

Le Vatican «à la pointe»

Avec ses près de douze millions de followers sur son compte Twitter @pontifex, l’évêque de Rome argentin s’inscrit dans la ligne de ses prédécesseurs: de tout temps le Vatican s’est profilé dans l’univers médiatique, par la qualité de ses quotidiens, radios et télévisions diffusés en une multitude de langues, et plus récemment, par celle de ses sites internet.

Après l’élan donné par le Décret de Vatican II Inter mirifica (1964), c’est l’Instruction Communion et progrès (1971) de la Commission pontificale pour les moyens de communication sociale qui constitue la charte des médias catholiques: l’accélération de l’information paraît à même de contribuer à cimenter la paix, à développer la civilisation et à resserrer les liens de solidarité entre les peuples, et l’Église est appelée à adapter sa communication aux mutations technologiques et à chaque contexte spatio-temporel.

Vingt ans plus tard, le désormais Conseil pontifical pour les communications sociales publie un autre document pastoral de belle tenue, Aetatis novae (Un âge nouveau, 1992), qui déploie les différentes facettes de la «diaconie à l’humanité» que peuvent exercer les mass médias: service du dialogue avec les cultures contemporaines dans la ligne de la Constitution Gaudium et spes du Concile, service de la résolution mondialisée des problèmes touchant l’ensemble de la communauté humaine, service des échanges au sein de la communion ecclésiale catholique.

Parmi les derniers Souverains Pontifes, c’est sans aucun doute Jean-Paul II qui a le mieux souligné l’importance du monde de la communication comme «premier aréopage des temps modernes» (La mission du Christ Rédempteur, 1991, n. 37). En 2002, il intitule son Message pour la JMCS «Internet: un nouveau carrefour pour l’annonce de l’Évangile». Le cyberespace «peuplé et bruyant» mérite d’être occupé en vue d’une première annonce de la foi, à condition que les contacts sur les réseaux sociaux débouchent sur des relations humaines effectives, au sein de la communauté ecclésiale.

2002 constitue un millésime particulièrement fructueux pour la réflexion du Magistère sur les NTIC, puisque le Conseil pontifical pour les communications sociales édite cette année-là deux textes essentiels: Éthique et internet, qui valorise l’outil numérique comme source d’enrichissement culturel entre personnes et pays éloignés, mais invite à la vigilance face à la diffusion en masse d’informations rendant quasi impossible le discernement de la vérité, aux contrôles de certaines instances politiques menaçant la sphère privée, aux exploitations commerciales faisant passer le marché avant la dignité humaine et à la cassure digitale entre pays des deux hémisphères ou entre générations; quant au second texte paru sous le titre L’Église et internet, de tonalité résolument positive, il invite les personnes engagées dans la pastorale à dépasser la méfiance face à la nouveauté de ces technologies et à acquérir les compétences nécessaires à leur maîtrise: elles permettent de donner accès à de nombreuses sources, de constituer des communautés de foi virtuelles, de toucher les éloignés de l’Église et d’offrir des espaces d’échange, notamment pour les jeunes.

Entrer dans cette révolution anthropologique représente pour l’Église une nécessité absolue

Mais plus que de «moyens» supplémentaires de communication, les NTIC constituent un nouveau monde où l’espace et le temps sont abolis, le savoir est partagé par tous, chacun peut exprimer son avis, le virtuel et le réel se rencontrent. Dans son Message pour la JMCS 2010, Benoît XVI parle du «continent digital» à inculturer, comme autrefois l’Amérique ou l’Asie. Le net véhicule une manière différente de concevoir l’homme, les relations interpersonnelles, le rapport à la vérité, aux connaissances et aux institutions. Entrer dans cette révolution anthropologique, aussi importante que l’invention de l’imprimerie, représente pour l’Église une nécessité absolue, si elle veut vraiment mettre en œuvre la nouvelle évangélisation souhaitée par le Synode des évêques d’octobre 2012 et l’Exhortation apostolique du Pontife actuel, La joie de l’Évangile.

Un changement de paradigme: l’interactivité

«Ouvrir les portes des églises signifie aussi les ouvrir dans l’environnement numérique», clame le pape François dans sa toute récente déclaration. «Mieux vaut une Église accidentée qui soit dans la rue qu’une Église malade d’autoréférentialité»: ce qui signifie aussi une Église qui ne craint pas de pénétrer dans l’univers de la toile, malgré tous les risques qu’il comporte!

Cela implique fondamentalement un changement de paradigme de nos pratiques pastorales et catéchétiques: quitter le modèle web 1.0, de type émetteur récepteur, où celui qui communique sait et transmet à celui qui ne sait pas, pour adopter le paradigme web 2.0, où le bénéficiaire a son mot à dire et participe à la transmission: «L’interactivité à double sens d’internet est déjà en train d’estomper la traditionnelle distinction entre ceux qui offrent et ceux qui sont destinataires de la communication et de créer une situation dans laquelle, du moins potentiellement, chacun peut faire les deux. Il ne s’agit plus de la communication à sens unique, du haut vers le bas. Alors que de plus en plus de personnes se familiarisent avec cette caractéristique d’internet dans d’autres domaines de leur vie, on peut s’attendre à ce qu’elles le recherchent également en ce qui concerne la religion et l’Église» (L’Église et internet, n. 6).

Une telle évolution demande des responsables ecclésiaux, des agents pastoraux et de l’ensemble des fidèles (par exemple des parents vis-à-vis de leurs enfants) qu’ils soient prêts à faire circuler au maximum l’information et à entrer en débat avec d’éventuels contradicteurs. Il faut qu’ils se montrent disposés à se former pour approfondir leur connaissance de ce monde si familier à la jeune génération (les digital native), pour développer leur créativité et savoir recourir à la pédagogie de l’image. Ils seront ainsi aptes à proposer une forme de «diaconie électronique» au profit des personnes isolées et à oser travailler en réseau avec des gens éloignés de l’institution ecclésiale. Car la manière dont l’Église apparaît sur le web, dans ses sites, ses blogs, ses vidéos, ses propositions catéchétiques et spirituelles, dit quelque chose du contenu de sa foi.

Enfin, cela exige d’accepter les ambivalences du monde digital, sans le diaboliser ni l’exalter. C’est seulement en y étant réellement présente que l’Église pourra inviter les internautes – comme le préconise le pape jésuite (Message pour la JMCS 2014) – à ne pas se laisser noyer sous le flux des informations qui «dépasse notre capacité de réflexion et de jugement», à «retrouver un certain sens de la lenteur et du calme» et à désirer passer du numérique à l’analogique, c’est-à-dire à s’arrêter «sur les routes digitales» pour souhaiter rencontrer en vrai ceux avec qui ils sont connectés. Benoît XVI va ainsi jusqu’à suggérer à tous les navigateurs sur le réseau des réseaux de créer «une sorte d’«écosystème » qui sache équilibrer silence, parole, image et son» (Message pour la JMCS 2012).

Confiance aux jeunes

La toile offre un espace privilégié où connaître les espoirs et les doutes, les besoins et les attentes des femmes et des hommes d’aujourd’hui. Il faut donc que nous sortions de nos sphères habituelles, que nous nous rendions dans les «périphéries virtuelles» pour y risquer la proposition du kérygme. À cet égard, les jeunes ont une longueur d’avance sur leurs aînés. Le pape émérite a raison lorsqu’il les interpelle: «à vous, jeunes, revient en particulier le devoir d’évangélisation de ce «continent digital». Sachez prendre en charge avec enthousiasme l’annonce de l’Évangile à vos contemporains!» (JMCS 2009).

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L'abbé François-Xavier Amherdt

L’abbé François-Xavier Amherdt

François-Xavier Amherdt est prêtre du diocèse de Sion. Professeur de théologie pastorale, pédagogie religieuse et homilétique à l’Université de Fribourg. Il a coédité avec Jean-Claude Boillat Web & Co et pastorale en 2013.

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En attendant la fumée blanche https://www.revue-sources.org/en-attendant-la-fumee-blanche/ https://www.revue-sources.org/en-attendant-la-fumee-blanche/#respond Mon, 01 Jul 2013 08:18:47 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=290 Rumeur dans les couloirs. Il semblerait que la fumée soit blanche ce soir sous le ciel romain. Agitations. Remue-ménage. Bruits de chaises devant le poste TV. Effectivement, un panache blanchâtre produit par un mystérieux calorifère envahit notre petit écran. Et nous voilà tout excités, oubliant notre repas, mettant à plus tard des tâches qui méritaient jusque là une impérieuse et urgente priorité. Les yeux rivés sur la loggia encore esseulée, nous nous amusons du babil du pauvre journaliste condamné à meubler le vide de… l’attente. Surtout, nous échangeons nos pronostics sur les chances respectives de nos favoris. Pour être franc, je mise davantage sur les «combinazione» cardinalices que sur la surprise du Saint-Esprit.

Je fus «déçu en bien»

Il me semble, ce conclave-ci, prendre part à la projection d’un film à suspens, plutôt qu’attendre pieusement la révélation d’une joyeuse bonne nouvelle susceptible de bouleverser le cours de ma vie. Rien à voir avec l’anxiété fébrile qui précéda l’«Habemus papam» un certain soir d’avril 2005 et, je le confesse, de la déception qui alors m’envahit. Ce soir du dernier 13 mars, échaudé, j’étais simplement un spectateur curieux et même amusé par l’événement. Comme dans les minutes qui précèdent le journal télévisé de 20 heures, un jour d’élection présidentielle chez nos amis français. Désabusé? Je ne le dirai pas. J’ai appris depuis longtemps que le sort de l’Eglise ne dépend pas d’un seul homme, fut-il évêque de Rome. Même s’il prend l’heureuse initiative de remiser au placard ses mules rouges et autres fanfreluches pontificales.

Au final, je fus «déçu en bien», selon le gai parler des Vaudois. Mon insolente indifférence fut vaincue par l’humilité d’un nouveau François, implorant pour lui notre bénédiction, avant même qu’il ne songe à nous faire part de la sienne. Un signe éloquent qui montre bien qu’un pape n’est rien sans un peuple qui prie avec lui et pour lui. J’ai donc bien fait d’attendre la révélation de son nom. Son geste prophétique m’invite à relire autrement mon code de droit canon.


Le frère dominicain Guy Musy, du couvent de Genève, est rédacteur-responsable de la revue Sources.

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