internet – Revue Sources https://www.revue-sources.org Tue, 09 May 2017 14:41:16 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.3.1 ThéDom: la théologie en ligne https://www.revue-sources.org/thedom-theologie-ligne/ https://www.revue-sources.org/thedom-theologie-ligne/#respond Tue, 09 May 2017 14:41:16 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=2264 Il y a quelques mois, des frères étudiants dominicains de la Province de France se sont réunis pour évoquer la création de nouveaux projets d’apostolats. Ces projets apparaissaient structurés par trois grandes directions. La première consistait à insister sur la présence auprès des adolescents et des jeunes adultes; la seconde à affirmer de manière plus explicite la vocation de prédicateur et de théologien des dominicains; enfin, le troisième élément soulignait la nécessité d’un engagement encore plus important sur Internet.[print-me]

Ces différentes directions ont convergé, entre autres, vers le projet d’une nouvelle interface destinée à la formation. Notre réflexion a fait émerger de multiples questions dont nous voudrions esquisser quelques aspects dans le présent article. Quelles sont les caractéristiques de la génération actuelle? Quelles sont les offres qui existent déjà aujourd’hui dans le domaine de la formation théologique et leurs limites? Quels outils mettre en place pour répondre aux nouveaux besoins sur Internet?

Une transformation du public des jeunes adultes catholiques

Une des caractéristiques essentielles des jeunes catholiques est non seulement que ces derniers constituent une minorité dans leur tranche d’âge, mais cet aspect minoritaire est renforcé par le fait que ces baptisés, aujourd’hui jeunes adultes, n’ont pas tous été catéchisés. On estime en effet le nombre d’enfants catéchisés compris entre un tiers et un quart d’une classe d’âge aujourd’hui[1]. Ce qui signifie donc qu’entre deux tiers et trois quarts des jeunes adultes français (nés entre 1985 et 2000) n’ont jamais bénéficié de catéchèse.

Il s’agit de mettre en œuvre un espace d’initiation à la théologie qui permet de découvrir les grandes questions qui traversent la foi chrétienne.

Ces données transparaissent également dans la pratique religieuse. Les jeunes sont ainsi très fortement sous-représentés dans la population catholique pratiquante. Alors que les 18-24 ans et les 25-34 ans représentent respectivement 11% et 19% de la population française totale, ils représentent 7% et 9% des catholiques pratiquants en 2009. À rebours de ce mouvement général de décroissance du catholicisme dans la société française, le catéchuménat d’adolescents et d’adultes n’a cessé de croître. Ainsi en 2017, on a recensé le baptême de 4503 jeunes et adultes pour la seule nuit de Pâques en France, en hausse de 5,58% par rapport à 2016 et de 55,39% sur 10 ans[2].

Ce mouvement est l’aboutissement d’un processus de plus grande ampleur, débuté il y a maintenant près d’un siècle quand la France commençait à être qualifié alors de «pays de mission»[3]. Entre autres phénomènes, il a conduit à ce que la sociologue D. Hervieu-Léger a appelé une «exculturation» du catholicisme[4]. Ainsi, contrairement à ce qui se passait encore dans les années 1950 ou même 1970 où des générations socialisées chrétiennement mettaient en cause ces racines, mais entraient en discussion avec des catholiques sur des bases culturelles communes, on observe aujourd’hui que le catholicisme ne fait plus partie de la culture française commune.

Ceci renforce chez un grand nombre de catholiques français pratiquants le sentiment d’appartenir à une minorité[5]. Minoritaires au sein d’une société qui ne parle plus directement leur «langage», les plus jeunes générations de catholiques apparaissent soucieuses d’affermir leur connaissance de ce langage pour des objectifs ad extra: défendre leurs spécificités ou encore entrer en dialogue avec le reste de la société en étant solidement ancrés dans les fondements de leur foi. Mais cette volonté a aussi un objectif ad intra qui paraît important. Conscients de former à la fois une minorité, mais également une minorité se présentant sous une forme éclatée, posséder un langage de foi unifié a aussi pour objectif de structurer les diverses sensibilités autour d’un même dépôt commun.

Dépasser le cadre des propositions existantes

Pour répondre à cet appel, des frères dominicains de la Province de France ont lancé le projet ThéoDom en 2015. Il s’agissait concrètement de proposer de petites initiations à la théologie au cours de l’été, dans des lieux et une ambiance de vacances pour de jeunes adultes. La première session avait eu lieu à Belle-Ile-en Mer en août 2015. Face au succès rencontré par cette proposition, deux rencontres ont été organisées l’année suivante: l’une à Kergallic en Bretagne et l’autre à Chalais, près du monastère des moniales dominicaines. La même proposition est refaite en juillet et en août 2017.

Mais la question s’est rapidement posée de constituer une formation à plus long terme pendant l’année. Les propositions existantes hors des temps d’été[6] sont d’abord des formations de proximité (essentiellement dans les grandes villes) ou des formations sur Internet. Or, la plupart des formations de proximité excluent, par définition, la participation de personnes n’habitant pas dans des lieux pourvus en Instituts catholiques ou groupes de formation. Même si les formations dispensées sur Internet permettent de pallier ces limites, elles proposent souvent des parcours de nature universitaire, impliquant, de fait, un engagement en temps important dans lequel beaucoup de jeunes et de jeunes adultes ne sont pas en mesure de s’investir.

Il manque donc à ce panorama d’offres de formation une interface Internet (palliant de ce fait les problèmes liés à la distance géographique) permettant un apprentissage non-universitaire, assez souple quant à l’investissement (en temps et en argent) qu’il représente, et placé hors des périodes de vacances.

ThéoDom: une initiation à la théologie en ligne

Pour cela, l’idée a été avancée, dans la dynamique des camps d’été ThéoDom, de proposer une nouvelle interface internet répondant à ces besoins. Il s’agit de mettre en œuvre un espace d’initiation à la théologie qui permet, via un site internet, de manière brève et ludique, de découvrir les grandes questions qui traversent la foi chrétienne. Ce site serait surtout destiné à des chrétiens de 25 à 45 ans qui souhaitent mieux connaître leur foi, mais n’ont pas la possibilité de s’investir dans un cycle de formation long. Les jeunes chrétiens auxquels ThéoDom est destiné n’ayant pas tous les mêmes attentes de formation ce site va aussi proposer une offre différenciée et participative. Enfin, animé par de jeunes frères dominicains et nouvelle proposition du portail Retraite dans la Ville, ce site a pour objectif de montrer que la théologie, centrale dans notre tradition religieuse, peut nourrir tout chrétien et qu’elle est une matière vivante qui invite au débat.

Même s’il peut être jugé ambitieux, les terrains que touche ce projet sont exaltants et placés au cœur de la mission de l’Ordre dominicain. Ils présentent en outre le mérite de fédérer la réflexion théologique et pastorale de frères dominicains de différentes générations. Rendez-vous à l’automne 2017 pour le lancement de ce nouveau site. Nous vous y attendons!


Charles Desjobert (à gauche) et Jacques-Benoîr Rauscher, deux jeunes frères dominicains français en formation à Fribourg portent un réel souci d’initier au contenu de la foi chrétienne leurs jeunes contemporains français. Avec d’autres frères de France, ils lancent sur le net pour l’automne 2017 «ThéoDom», un site qui passera allégrement les frontières pour intéresser les jeunes francophones de partout.


[1] Chiffres donnés à partir des tendances relevées dans D. Villlepelet, L’avenir de la catéchèses, Paris, Les Éditions de l’Atelier/ les Éditions ouvrières, 2003.
[2] D’après la Conférence des évêques de France, 2017.
[3] Pour reprendre le titre du livre célèbre des Pères Godin et Daniel publié en 1943.
[4] D. Hervieu-Léger, Catholicisme la fin d’un monde, Paris, Bayard, 2003.
[5] Avec le paradoxe qu’ils sont parfois encore perçus comme majoritaires ou disposant de moyens de pression majoritaires, cf. R. Rémond, Le christianisme en accusation, Paris, Desclée de Brouwer, 1999.
[6] Un panorama de ces différentes propositions est présentésur le site: http://www.parolesdecatholiques.org/se-former/formations-de-l2018eglise-catholique#, liste consultée le 01/05/2017.

 

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Nouveau parcours. Nouvelle étape! https://www.revue-sources.org/nouveau-parcoursnouvelle-etape/ https://www.revue-sources.org/nouveau-parcoursnouvelle-etape/#respond Wed, 30 Mar 2016 08:37:06 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=1233 [print-me]

Chers amis et amies navigateurs…

Par hasard peut-être, au gré de vos cabotages «internautiques», vous avez atterri sur la planète «Sources». A moins que, votre curiosité et – qui sait? – votre intérêt ne vous ait orientés et amenés vers nous. Nous en sommes très heureux. Qui que vous soyez, soyez les bienvenus.

Mais qui sommes-nous? Un groupe de frères dominicains suisses épaulés par des amis laïcs et laïques qui partagent notre mission et nos idéaux. Héritiers de devanciers qui depuis quarante ans transmettaient leur message à travers une revue de papier – SOURCES – nous avons repris le flambeau et prolongeons leur œuvre, mais désormais sous une forme électronique. Non pas pour céder à la mode ou nous mettre au goût d’une modernité de mauvais aloi, mais par nécessité économique et professionnelle. Nous caressons aussi l’espoir de gagner ainsi un public, plus nombreux et plus jeune que celui qui nous était fidèle jusqu’ici. Et vous voilà!

Nous avons repris le flambeau et prolongeons leur œuvre, mais désormais sous une forme électronique

Dominicains, qu’est-ce à dire? Une famille spirituelle qui se réclame de saint Dominique, fondateur de l’Ordre des Prêcheurs, il y a exactement huit cents ans cette année. Dominique, non pas inquisiteur, mais homme de cœur et de foi qui se mettait longuement à l’écoute de ses contemporains pour tenter de comprendre leurs problèmes, plutôt que de leur asséner des solutions étriquées comme autant de vérités prêtes à porter. Amoureux de la Vérité, il ne pouvait que la faire surgir au terme d’un réel échange avec ceux et celles dont il partageait la vie.

Notre but est le même. Réfléchir avec vous sur les questions qui interpellent le plus nos contemporains et leur proposer à partir de nos «sources» des repères ou des jalons qui faciliteront leur marche. Pour ce faire, nous vous proposerons chaque trois mois un dossier axé sur une thématique actuelle. Nous l’accompagnerons de rubriques plus brèves, étayées au fil de l’année. Voici celles que nous avons retenues pour cette année: éclairage éthique, art symbole de foi, témoin pour notre temps, nouvelles de notre famille dominicaine et présentation sous un mode renouvelé d’un choix de livres dont on vous propose la lecture.

Quant au «numéro» que vous avez sous les yeux, il contient donc un dossier que nous avons intitulé «Parole et Miséricorde». Parole pour honorer notre statut de prêcheurs et miséricorde qui, conformément à notre tradition, doit être le premier objet de notre prédication.

Il nous reste à fidéliser nos contacts et notre amitié. Et à vous remercier d’avoir fait escale à notre port.

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Frère Guy Musy et frère Michel Fontaine, rédacteurs responsables

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Internet et prédication https://www.revue-sources.org/internet-et-predication/ https://www.revue-sources.org/internet-et-predication/#respond Tue, 01 Apr 2014 15:05:26 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=245 [print-me]

Il y a deux ans, j’ai traversé une période d’arrêt de travail complet, suite à une situation pastorale qui a failli me démolir. Deux choses m’ont tenu debout: la prière et la construction, avec l’aide d’un ami, d’un blog qui regroupe, entre autres billets, les homélies que mes paroissiens demandaient à relire chaque dimanche. Le temps que j’avais à disposition m’a permis de me former dans ce domaine.

Pendant cette période, je suis devenu également grand utilisateur du réseau social Facebook. Une thérapie comme une autre dont je ne suis pas encore sevré, mais qui m’a conduit bien plus loin que je ne le croyais au départ. On peut utiliser ce réseau d’amis de manière ludique. Mais on peut aussi évangéliser ce lieu. C’est le pari que je me suis fait. J’ai donc relié mon blog à Facebook, puis à Twitter; ce qui a donné une toute nouvelle audience à mes modestes homélies paroissiales.

Pari gagné

Comme j’étais comédien et animateur de radio avant d’être appelé à la prêtrise, j’ai quantité d’amis du monde artistique et médiatique sur ces réseaux. Ces personnes sont souvent en rupture profonde avec l’Eglise. Peu à peu, je me suis aperçu que mes amis lisaient mes homélies, puis les commentaient. Ils ne l’auraient jamais fait sans ce support. Certains n’avaient même jamais lu un verset d’évangile. Plusieurs découvrent ainsi le Christ et aiment son message. Ces personnes dialoguent régulièrement avec moi, malgré les centaines, voire les milliers de kilomètres qui nous séparent et font de spectaculaires retours à la Foi.

Pari gagné!

Evangéliser très simplement, c’est aussi le pari de mes deux initiatives suivantes: l’Evangile à l’Ecran et les mini-homélies quotidiennes que je publie sur Twitter. En 140 caractères, on est forcé d’aller à l’essentiel. Et l’essentiel, c’est le message du Christ. Au fond, toutes les homélies disent toujours « Aimez-vous les uns les autres; aime ton prochain comme toi-même…« . Comme le disait un message récent sur Facebook : “une théologie qui n’inciterait pas à aimer devrait être sérieusement remise en question ».

Drôles de paroissiens

Oui, mais voilà, évangéliser via Internet prend du temps! Au moment où je remettais en question le temps passé devant l’écran, un confrère m’a rassuré: « Des milliers de personnes lisent tes messages par ce biais, te suivent et réagissent, c’est une véritable paroisse! Continue! »

Aujourd’hui, je consacre environ une heure par jour à ces drôles de paroissiens. Ils me le rendent bien. Cela m’a valu de vraies rencontres en chair et en os. Et beaucoup d’émotions aussi lorsque des personnes m’avouent avoir à nouveau passé la porte d’une église suite à mes pauvres mots.

Prêtre, je crois fondamentalement que la joie de l’Evangile doit passer aussi par Internet, un autre don de Dieu. Ce credo-là m’a reconstruit, et redonné l’énergie pour témoigner du Christ.

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L'abbé Vincent Lafargue

L’abbé Vincent Lafargue

Vincent Lafargue est un jeune prêtre actif sur Internet. Son site personnel (www.ab20100.ch) rassemble ses homélies, mais aussi différentes initiatives au rayonnement croissant. Avant de se diffuser au travers des voies virtuelles, sa parole résonne au cœur des montagnes valaisannes, dans les paroisses du secteur de Lens.

 

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Le portail Cath.ch https://www.revue-sources.org/le-portail-cath-ch-une-arche-dans-les-tourbillons-du-numerique/ https://www.revue-sources.org/le-portail-cath-ch-une-arche-dans-les-tourbillons-du-numerique/#respond Tue, 01 Apr 2014 15:03:16 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=243 [print-me]

Il y a peu d’années, recouvert par des mètres de neige, l’hospice du Simplon, colossale bâtisse, accueillait des étudiants d’un collège de la plaine du Rhône. Un matin, l’un d’eux, australien venu apprendre le français en Suisse, paraît en état de choc, les yeux gonflés de larmes. Il montre sur son téléphone portable la photographie qu’il vient de découvrir sur les réseaux sociaux. Elle représente une maison coupée en deux par des torrents de boue. Il la reconnaît, c’est la maison de ses parents, celle de son enfance.

Nous restons dubitatifs face à la force de l’image livrée crûment, sans explication, là-haut dans le silence recueilli des montagnes. Lui veut appeler, il veut savoir et entendre la voix de ses parents. Dans la journée, les médias traditionnels nous apprennent les terribles inondations qui touchent l’Australie; le téléphone apportera des nouvelles rassurantes. Je resterai grandi par cette importante leçon: les réseaux sociaux ont dessiné le continent numérique; ils y règnent en maîtres.

Le royaume de l’immédiat

Les réseaux sociaux, ceux que l’on rassemble savamment sous la terminologie «web 2.0» pour indiquer l’évolution irrémédiable qu’Internet a vécue en comparaison des temps du gentil «site à papa», ont intronisé un nouveau royaume, celui de l’immédiat. Lisez bien ici l’absence de média, la disparition de cet intermédiaire qui délivre une information sur le monde après l’avoir collectée, critiquée, pondérée et mise en forme. Désormais le monde communique avec le monde sans médiation. Est-ce la fin du journalisme que l’histoire avait patiemment érigé en triomphe et qui semble s’effondrer maintenant?

Si les journalistes se lamentent, d’autres se frottent les mains. Les gens du devant de la scène, ceux qui veulent se tenir sous les feux des projecteurs, les politiciens, les stars peuvent communiquer au public, à un public mondial, à des millions de fans, en contournant l’exigeant filtre médiatique. Mieux encore, les annonceurs développent des campagnes publicitaires à moindre frais, mais diablement efficaces du fait de leur pénétration dans l’intimité des gens. Car, dans le monde des réseaux sociaux, les salutaires barrières de la vie privée tombent l’une après l’autre. Peut-être, n’a-t-on pas encore appris à les construire?

Une arche journalistique dans un monde d’immédiateté.

Dans les années 70-80, le téléphone – fixe! – avait fait la conquête des ménages et était parvenu à atteindre la femme au foyer. Quelle aubaine pour elle, recluse à la maison, qu’une fenêtre ouverte sur un vaste réseau sans frontière. Quelle aubaine aussi pour les annonceurs! Voici venu l’âge d’or du démarchage téléphonique qui défriche un accès providentiel dans une moitié d’humanité prête à consommer. Il n’est pas impossible que les réseaux sociaux ressemblent plus qu’on ne l’imagine au téléphone. Ils ont réussi à accéder à une population repliée sur elle-même, celle des jeunes, en leur proposant d’accéder immédiatement dans l’intimité de la sphère privée. Il n’est pas impossible que ces réseaux sociaux vieillissent avec cette jeunesse, comme le démarchage téléphonique après avoir atteint son apogée se replie inexorablement.

Cath.ch

Comment évangéliser le continent numérique? Sur le modèle de l’évangélisation téléphonique qui n’a pas eu lieu? Je crois que ce continent n’existe pas. Les personnes qui y naviguent disposent toutes d’une adresse réelle. C’est bien sur terre que la rencontre évangélisatrice doit se faire d’abord! Preuve en est les groupes de jeunes dynamiques en Suisse romande qui possèdent des sites et des pages Facebook jamais à jour ou alors trop tardivement et pas systématiquement. Ils s’organisent certes sur facebook, mais se rencontrent In Real Life.

L’Eglise catholique a édifié le plus important, le plus dense, le plus efficace et le plus humain des réseaux sociaux, parce qu’elle l’a déployé dans la vie de chair et d’esprit. Elle utilise le «web 2.0» à titre accessoire pour faciliter et assister son «web catholique» et sa mission d’évangélisation, en se gardant bien d’en faire un but en soi!

Et cath.ch me direz-vous! Eh bien, il peut paraître comme une ruine virtuelle du «web 1.0», un site à papa vieux de trois ans, une communication désuète puisqu’elle ressemble au journal de presse écrite et non pas au carnet de souvenirs du Facebook.

Mais pour moi, cath.ch se présente au contraire comme une arche journalistique dans un monde d’immédiateté, un espace de valeurs reconnues, choisies, partagées, éprouvées, critiquées, chéries et proclamées; un lieu qui participe à l’évangélisation, autant, si ce n’est plus, que les narcissismes mondains qui souvent empoisonnent les réseaux sociaux. Je lui connais un présent heureux et, malgré les tempêtes, je lui promets un avenir radieux.

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Pascal Fessard

Pascal Fessard

Pascal Fessard est journaliste et webéditeur du portail catholique suisse cath.ch. Philosophe de formation, il partage également son regard sur l’actualité ecclésiale à travers son blog «Cuistreries spirituelles».

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Informatique et clôture monastique https://www.revue-sources.org/informatique-et-cloture-monastique/ https://www.revue-sources.org/informatique-et-cloture-monastique/#respond Wed, 01 Jan 2014 14:58:58 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=239 [print-me]

Sans être un tsunami qui serait en train de tout emporter sur son passage, la «vague informatique» a pénétré le monde monastique à une telle allure et de manière si universelle qu’il n’est guère vraisemblable qu’elle ait trouvé déjà partout et d’un seul coup sa juste place.

Quelle qu’ait été l’exigence des origines quant à la clôture, peu de monastères ont échappé à la contagion. C’est un fait qu’on ne peut contester. Les mails vont bon train de l’une à l’autre des communautés, et au-delà, qu’il s’agisse des pauvres Clarisses, de quelque Carmel solitaire, des filles de St Benoît ou de St Dominique. Quel monastère n’a son adresse e-mail, voire son site?

La télévision au monastère

La dernière instruction pontificale sur la clôture des moniales, «Verbi sponsa» qui ouvrait la porte à Internet dès 1999 paraît déjà surannée à beaucoup. Le Pape François a d’ailleurs lui-même annoncé une réactualisation de cette instruction qui disait au N° 20: «L’usage éventuel d’autres (Radio et T.V du § précédent) moyens modernes de communication, tels le télécopieur, le téléphone portable, Internet, pour motif d’information et de travail, peut être admis dans les monastères, avec un discernement prudent, pour l’utilité commune, selon les dispositions du chapitre conventuel».

L’instruction était prudente, c’est le moins qu’on puisse dire! Où en sommes-nous maintenant, et de façon plus précise, où en sommes-nous à Taulignan, chaque monastère ayant sa propre sensibilité et orientation, avec une visée commune nous n’en pouvons douter, celle de rester fidèles à sa vocation de prière, inséparable d’une certaine séparation du monde.

La télévision n’a jamais eu droit de cité dans la communauté, mais nous avons téléviseur et magnétoscope qui nous permettent depuis longtemps, grâce aux vidéos et DVD, de choisir et de suivre, avec un retard sans conséquence sur l’actualité, ce qui nous paraît le plus intéressant. Pas trop d’envahissement par l’image ni d’accrochage aux bulletins d’informations, c’est l’option qui nous a paru servir davantage la communion en profondeur plutôt qu’une communication incessante. Nous en sommes toujours restées à ce choix des débuts et c’est donc dans ce sens que la communauté s’est naturellement orientée pour Internet.

Rendre justice aux ordinateurs

Avant de voir tous les dangers de l’impact de l’informatique sur la vie contemplative, ne faut-il pas d’abord rendre justice à ces bons serviteurs que sont nos ordinateurs, et distinguer l’ordinateur en soi, instrument de travail aux possibilités multiples, de l’ordinateur mis au service d’Internet, en tant qu’outil indispensable pour naviguer sur la toile. Pour le premier usage, où serait le problème par rapport à la clôture? (Leur multiplication peut poser question pour la pauvreté peut-être, mais pour la clôture?…) C’est un acquis technique irréversible. Ne serait-il pas ridicule de le bouder sous prétexte d’être fidèle à Cassien et aux Pères du désert?

Le premier ordinateur est entré en clôture à Taulignan en 1995.

Le premier ordinateur est entré en clôture à Taulignan en 1995, avec l’accueil d’une postulante formée à l’informatique et qui l’avait dans ses bagages. Nous n’étions donc pas en pointe, mais la brèche fut ouverte alors, et des petits frères n’ont pas tardé à suivre ce premier-né. L’économat en a été le premier bénéficiaire, avec les avantages évidents: gain de temps considérable, et bien des casse-tête évités dans ce monde aride des chiffres et de la gestion. On n’envisagerait plus de s’en passer et l’on ne voit pas comment ni pourquoi on le ferait!

Pourtant, quel qu’en soit l’usage (étude par ex.), aucune Sœur n’a un ordinateur, personnel ou d’emploi, en cellule, la cellule ayant toujours été pour une moniale un lieu privilégié d’intimité avec le Seigneur. Pour le moment, prieure, sous-prieure, économat et accueil ont un ordinateur dans leur bureau. Les autres sont «au commun», en des lieux ouverts à toutes. Les sœurs qui les utilisent (4 pratiquement) s’arrangent fraternellement entre elles selon les besoins.

Internet ferait-il problème?

Les vraies questions se posent, non avec l’informatique en elle-même, mais avec son ouverture sur Internet. Les quatre responsables ci-dessus y ont accès directement. Pour les autres, un seul ordinateur est branché. Pas de problème jusqu’ici pour le partage… et pas trop non plus pour les risques à courir. Seule une réserve paraît s’imposer, réserve qui n’empêche nullement de reconnaître ce qui est bon! Pour le silence par exemple, la communication par mails est bien moins perturbante extérieurement que les sonneries de téléphone, et permet souvent de se limiter de façon claire au seul nécessaire, alors qu’il n’est pas toujours facile d’endiguer le flot de paroles de certains interlocuteurs… ou les nôtres.

Pour la formation des plus jeunes, il nous paraît bon également qu’il y ait au départ une certaine rupture avec l’habitude d’Internet.

Que dire des achats possibles sans sortir de clôture, grâce à la précieuse carte bleue! Ou de la possibilité de cours à domicile grâce au télé-enseignement diffusé par Internet. Ou encore de l’intérêt du site pour se faire connaître sans bruit… Inutile enfin d’insister sur le gain de temps et la facilité de communication amenés par le courrier électronique. C’est tellement évident!

Reste à savoir si ce plus est au profit d’un travail plus paisible ou de la prière, ou s’il engendre un surcroît d’activités et d’encombrement intérieur. Nous ne sommes pas plus que d’autres à l’abri du stress de la vie moderne et l’escalade de la vitesse nous guette comme tout le monde. Rien n’est prouvé en ce domaine… La facilité des informations continuellement offertes peut aussi séduire l’une ou l’autre par moments, et les nombreuses sollicitations du petit écran être source de curiosités, innocentes en apparence, mais finalement bien dispersantes. Une ascèse s’impose forcément. A chacune de voir!

Traverser une zone de silence

Car il n’y a pas que des «affaires» à gérer par Internet (économat, fournisseurs, contacts pour l’accueil, courrier etc..), il y a aussi les relations personnelles de chacune avec sa famille et ses amis. Elles obéissaient autrefois à des limites parfois assez strictes. Que tout se soit un peu humanisé n’est pas un mal, mais où s’arrêter?

La Prieure d’un monastère en fondation au Canada et qui semble allier harmonieusement modernité et tradition, nous disait récemment que, pour la réponse à donner à bien des mails plus personnels, il lui semblait que «la parole d’une moniale devait traverser une zone de silence». Oui, savoir attendre sans céder à l’impulsion de répondre tout de suite (sauf urgence évidente) en multipliant les échanges si faciles sur le net. C’est bien dans cette ligne que nous essayons de marcher. Et pour la formation des plus jeunes, il nous paraît bon également qu’il y ait au départ une certaine rupture avec l’habitude d’Internet et que l’usage en soit limité, sans étroitesse et dans un climat de confiance.

Les téléphones portables ne posent guère de problèmes chez nous jusqu’à présent. Il y en a deux dans la maison, et nous n’en désirons pas davantage. Au moment de gros travaux récents la Sœur responsable du chantier en a eu un par vraie nécessité. Elle l’a gardé et il n’est pas inutile. L’autre est au commun, en cas de besoin: une sortie par exemple où il faudrait pouvoir se joindre sans difficulté. C’est tout!

Conclusion. Sans vouloir insinuer qu’informatique et clôture forment un couple idéal, il semble bien qu’il n’y ait pas encore péril en la demeure. Le bilan nous paraît positif pour une meilleure relation avec la société de notre temps, du moment que l’on veille fidèlement au silence intérieur qui nous permet de garder le cap sur l’essentiel de notre vie.

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Soeur Marie-Pascale

Sœur Marie Pascale est une moniale dominicaine du monastère La Clarté Notre-Dame, à Taulignan, en Drôme provençale.

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Retraite dans la ville https://www.revue-sources.org/retraite-ville-dune-predication-traditionnelle-a-predication-virtuelle/ https://www.revue-sources.org/retraite-ville-dune-predication-traditionnelle-a-predication-virtuelle/#respond Tue, 01 Jan 2013 11:05:28 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=391 C’était il y a 10 ans, en 2002, le couvent des Dominicains de Lille décidait d’organiser chez eux des conférences chaque dimanche de Carême, et proposaient à la soixantaine de participants un livret d’accompagnement pour la semaine. C’est alors que de jeunes frères étudiants, habitués à surfer sur Internet, eurent l’idée d’élargir le public de la retraite en créant un site gratuit qui mettrait en ligne les conférences, et d’envoyer gratuitement à tous ceux qui s’y inscriraient un courriel quotidien leur proposant une méditation pour chaque jour. Retraite dans la Ville était née!

Évoluant de 2000 inscrits la 1re année à près de 70’000 inscrits, 300’000 visiteurs «uniques» et 1’000’000 de visites lors de sa 10eédition (en 2011), le projet initial de retraite de Carême, somme toute classique si ce n’est qu’elle était également retransmise sur le web, s’est ainsi transformé en véritable retraite numérique, intégrant peu à peu les outils caractéristiques du monde de la toile: blog, forums, offices audio, enregistrements vidéos, partage via les réseaux sociaux.

Certes, cette retraite de Carême a adopté une forme de prédication entièrement virtuelle. Mais si l’on considère son histoire, son évolution et son dessein, nous voyons bien qu’elle s’inscrit dans une tradition de prédication, chère à la vocation de l’Ordre des Prêcheurs, n’ayant toujours pas d’autre but que d’annoncer la Parole de Dieu par le biais des moyens modernes de communication, afin de rejoindre avec toujours plus de pertinence un nombre croissant de personnes. De la sorte, elle n’a cessé de penser des animations qui cherchent à s’adapter aux attentes et demandes spirituelles d’un plus grand nombre de «chercheurs de Dieu», en tenant compte de leur diversité, notamment de leur proximité ou éloignement par rapport à l’Église et à la foi. Pour donner un ordre d’idées: près de 10% des retraitants se disent éloignés de l’Église et 20% des inscrits ont entre 18 et 42 ans.

C’est dans ce cadre que www.retraitedanslaville.org devient aujourd’hui un portail de prédication sur Internet. Il n’est plus porté par les frères étudiants, mais par une structure de frères et de laïcs dédiés à cet office, cependant toujours située au couvent de Lille, si bien que les membres de la communauté restent de fidèles soutiens dans cet apostolat. De nouveaux projets ont alors vu, ou vont prochainement voir le jour: des sites pour les enfants, les adolescents ou les jeunes adultes (à venir); une retraite pour l’Avent, www.aventdanslaville.org placée sous le signe de l’espérance; et pour accompagner le Temps Ordinaire (entre deux retraites !), le site www.psaumedanslaville.org publie depuis juin 2012 des méditations de psaumes et leur lecture par des comédiens professionnels[1], qui ont déjà attiré plus de 30 000 inscrits en moins de six mois, avec près de 300000 visiteurs «uniques» et 1000000 de visites. À l’image de la grâce dont ces propositions veulent être des canaux, celles-ci sont gratuites afin de pouvoir être offertes à tous. Retraite dans la Ville vit actuellement de la générosité des donateurs.

En dernier lieu, il ne faudrait pas croire que Retraite dans la Ville se limite à la virtualité. A l’instar de tout lieu traditionnel de prédication, nous désirons ardemment que ce soit l’Esprit de Vie qui souffle dans le cœur de l’homme et favorise ainsi sa rencontre avec Dieu. C’est en tant que support de cette rencontre spirituelle mais non moins réelle que nous œuvrons. Dans un contexte paroissial en permanente mutation et parfois fragilisé, nous espérons susciter des communautés «invisibles», qui se rassemblent virtuellement pour puiser réellement à la même Source de Vie, pour échanger sur leur foi, tisser des liens et se soutenir dans un monde appelé à accueillir le témoignage de l’Amour de Dieu pour l’humanité. Nombreux sont les témoignages de ceux que Retraite dans la Ville a réunis, soit qu’elle les ait réconciliés avec Dieu, avec l’Église ou avec eux-mêmes, soit qu’elle ait été l’occasion de partages communautaires, autour des méditations et des offices audio.

Ne nous y trompons donc pas: la vocation de Retraite dans la Ville, aussi immatérielle semble-t-elle, vise avant tout la rencontre humaine: celle de l’homme avec Dieu qui passe aussi par celle de l’homme avec l’homme. Notre mission est de lui annoncer son espérance et de lui permettre de découvrir la présence intime de Dieu agissant avec amour.

[1] Maxime d’Aboville, Jean-Damien Barbin, Nâzim Boujenah, Claire Chastel, Marie-Sophie Ferdane et Michael Lonsdale.


Le frère dominicain Olivier Zalmanski, du couvent de Lille, participe étroitement au Projet «Retraite dans la ville» avec les frères de sa communauté.

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