Revue Sources

Eric-Emmanuel Schmitt: La vengeance du pardon, Albin Michel, Paris 2017

Quatre nouvelles et un art consommé du suspens. Mais c’est le sujet qui m’intriguent. Le pardon qui devrait produire l’apaisement finit détruire l’offenseur.

Démonstration. Une mère dont la fille a été violée et assassinée par une brute épaisse, sans regret ni compassion, prend le parti de visiter dans sa prison l’agresseur condamné à perpétuité. Elle passe des mois à l’apprivoiser, comme elle le ferait pour un animal farouche. Puis, quand elle juge le moment opportun, elle lui avoue qu’elle lui pardonne. Ce mot – magique – tel un déclic réveille la conscience du criminel. Subitement, l’animal devient humain et fond en larmes. Mais, alors que l’assassin aurait besoin de sa visiteuse pour l’aider à émerger de sa nuit, elle met fin à ses visites et l’abandonne à son remords avec ces mots: «Maintenant qu’il a rejoint l’humanité… bienvenue en enfer!»

Je ne connais rien de plus pervers que cette parodie de pardon. Je souhaite que ce sinistre scénario n’ait d’autre réalité que celle que lui prête la fiction romanesque. Mais il arrive que le réel dépasse la fiction.

Guy Musy

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