Revue Sources

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Gabriel Ringlet, prêtre et écrivain belge, s’est retrouvé très tôt auprès des parents de Julie et Mélissa quand ils recherchaient encore leurs filles vivantes. Sa présence ne leur a pas fait défaut lorsqu’ils l’appelèrent à leurs côtés le jour où deux petits cadavres furent découverts.

Depuis cet horrible drame, la justice des hommes a pesé sur les coupables. La même justice, respectueuse du droit, autorise maintenant la libération conditionnelle de celle qui fut complice de ce crime.

Il peut arriver aussi que la justice humaine se fasse dépasser par les élans de la charité qui pourtant n’est pas complice du sentiment.

Restait à rendre possible cette clémence. Seules, des religieuses clarisses acceptèrent d’accueillir dans leur monastère celle que quasiment tout un peuple abhorrait. Le même Gabriel Ringlet s’exprime aujourd’hui sur le geste des clarisses: « On a parlé de leur courage; il en fallait beaucoup. Moi j’admire leur fermeté et leur détermination. Ce n’est pas de l’entêtement, mais de la cohérence. Une partie de la société ne voulait pas qu’il y ait des solutions ; elles ont cassé quelque chose dans le système pour que finalement la loi puisse s’appliquer. Voilà, au sens noble, des femmes qui font autorité. J’ajoute que grâce à elles, et je mesure mes mots, nous serons peut-être un peu plus humains. A travers leur geste que je crois prophétique, c’est chacun qui devient meilleur, qui s’élève et qui s’élargit. » [1. La Libre Belgique, jeudi 30 août 2012.]

Ces propos sont intéressants. Le droit est une sauvegarde de l’humanité. Il la protège contre les débordements incontrôlables et incontrôlés du sentiment populaire qui s’exprime ou se défoule à fleur de peau. Mais il peut arriver aussi que la justice humaine se fasse dépasser par les élans de la charité qui pourtant n’est pas complice du sentiment. Au-delà du droit positif, sans le nier, s’exerce l’ordre de l’Amour avec ses exigences particulières. « Vous avez entendu dire, mais moi je vous dis! »

Des conflits peuvent survenir, du moins des incompréhensions. Notre dossier évoque ces interférences, tout en réfléchissant sur la portée d’un droit positif qui se voudrait respectueux des fondements universels de la justice. A ce sujet, une réflexion sur les conditions auxquelles sont soumis en Suisse (comme ailleurs?) les requérants d’asile nous a paru être un bon exemple. Un article de notre dossier s’y emploie.

Ce numéro est aussi le dernier de cette année. Notre équipe de rédaction saisit cette occasion pour vous présenter ses vœux et vous remercier de vous compter parmi ses amis. Votre fidélité est notre meilleur soutien.

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