Revue Sources

Hugues Bourgeois: Dominique. Vivre en soins palliatifs, Cerf, Paris 2018,45 p.

Il s’agit d’une BD écrite par un oncologue qui décrit le parcours d’une femme opérée d’un cancer du colon à 45 ans et qui s’éteint quelques dix ans plus tard dans une clinique de soins palliatifs. Entre-temps, cette dame, épouse et mère de deux enfants, aura traversé les étapes classiques de ce genre d’épreuve: chimios répétées, périodes de rémission, métastases et finalement… sédation. Sans ne rien dire des alternances de son moral passant de la peur de mourir à l’euphorie d’une guérison espérée. Puis, parvenue au terme de sa résistance, l’abandon et à la perte de conscience. L’auteur médecin écrit une fiction bien entendu, mais qui ne s’écarte pas de son expérience quotidienne. Il insiste sur l’accompagnement de la malade qui nécessite la collaboration de ses proches, mais aussi de psychologues patentés qui prendront encore en charge les survivants.

J’ai deux questions à poser. La première à l’auteur. Pour quel public a-t-il écrit sa BD? Certainement pas pour les malades anxieux, dévorés par la curiosité de connaître leur état. Alors, pour les bien portants, eux aussi aux aguets de ce genre de fléau qui pourrait les atteindre un jour? Je pense que c’est le cas. L’information est sobre tout en étant sérieuse, soulignant au passage l’extrême variété des réactions à ce genre de maladie. Le cas de Dominique n’est qu’un exemple, mais pas un modèle unique.

Ma seconde question est pour l’éditeur. La BD paraît au Cerf, une maison d’édition dominicaine. Comment se fait-il que dans le processus d’accompagnement de la malade, il ne soit jamais fait allusion au soutien spirituel, sous quelque forme que ce soit? En ce sens, la BD est très révélatrice d’une «mentalité» qui ne croit plus à une destinée post terrestre de l’être humain et abandonne aux psy le ministère de l’espérance et de la consolation. Je ne suis pas autrement surpris que cet état d’esprit gagne les chrétiens et que même leurs guides – quoi qu’ils en disent – ne soient pas à l’abri de ce déni.

Guy Musy

 

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