Eglise hors les murs – Revue Sources https://www.revue-sources.org Wed, 04 Jan 2017 12:50:47 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.3.1 Église hors les murs https://www.revue-sources.org/eglise-hors-les-murs/ https://www.revue-sources.org/eglise-hors-les-murs/#respond Wed, 01 Jan 2014 15:12:31 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=957 [print-me]

Au fait, que faut-il entendre par « Eglise », label que l’on croyait protégé jusqu’à l’arrêt d’un tribunal britannique qui en reconnaît l’usage aux scientologues du Royaume-Uni? Qu’appelle-t-on aussi « mariage » quand ce terme recouvre les unions homosexuelles? J’ai l’impression que les institutions qui ont bravé les orages du temps se dissolvent maintenant.

Ainsi, notre vieille Eglise catholique serait moins une citadelle qu’une « spiritualité » diluée dans un magma indifférencié où se mêlent et s’entremêlent les humanistes de tout poil, les adorateurs de Vishnu, les Mormons polygames, les cœurs purs des crêtes du Jura et tant d’autres humains de plus ou moins bonne volonté. C’est ainsi que beaucoup voudraient qu’apparaisse notre Eglise ou regrettent qu’elle ne le soit pas. Une communauté sans odeur ni couleur, insignifiante pour tout dire.

Nous rêvons d’une Eglise mise à jour (aggiornamento), qui respire l’air du large tout en n’abandonnant pas le roc sur lequel elle est fondée

Que répondre à cela? Tout d’abord un constat. Il y a belle lurette que des milliers, voir des millions de catholiques baptisés ont quitté la place forte sur la pointe des pieds ou en claquant le portail d’entrée. Ils vivent leur croyance ou leur non croyance « hors les murs », détachés de toute pratique religieuse régulière, et se méfient des confessions de foi trop bien définies. D’autres avouent leur « sensibilité chrétienne », mais rejettent tout contact avec une institution qui se réclame de cette mouvance. L’évangile serait-il devenu une valeur folle? Et Dieu une marque non déposée?

Face à ces courants vagues et indéfinis, voici l’archipel des îlots identitaires, entourés de hautes murailles dogmatiques et de principes éthiques verrouillés. Ces murs protègent les assiégés contre les intrus qui voudraient s’infiltrer. Ils interdisent aussi de s’aventurer hors de l’enclos fortifié. Parmi les multiples sectes retranchées dans ces forteresses, vouant aux gémonies ceux qui demeurent au dehors, mentionnons la dernière en date, celle d’Ecône, verjus de la vigne conciliaire. Mais il en est tant d’autres!

Où nous situer dans cette mêlée? Et bien, dans la maison de Pierre que Jean XXIII a aérée. Les persiennes sont largement ouvertes et les baies éclatent de lumière. Du moins, c’est ainsi que nous rêvons d’une Eglise mise à jour (aggiornamento), qui respire l’air du large tout en n’abandonnant pas le roc sur lequel elle est fondée. Nous vivons le paradoxe d’être au milieu du monde sans pour autant lui appartenir. Un défi qui nous oblige à l’ouverture, sans cesser d’être fidèles. Corde raide qui nous expose à deux dangers: soit nous nous enfermons dans de prétendues certitudes et rejetons des hommes et des femmes que Dieu aime, soit nous nous diluons dans une opinion commune anonyme qui nous impose sa loi.

Aurons-nous le courage lucide de garder droite notre marche? Le regard fixé sur Jésus-Christ?

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Surpris par ceux du dehors https://www.revue-sources.org/surpris-par-ceux-du-dehors/ https://www.revue-sources.org/surpris-par-ceux-du-dehors/#respond Wed, 01 Jan 2014 13:39:01 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=198 [print-me]

On observe une tension dans l’évangile entre le dedans et le dehors. Spontanément on penserait que les disciples et les proches de Jésus sont ceux du dedans, alors que les foules, les pécheurs et les adversaires sont ceux du dehors. Mais à qui veut bien lire attentivement les Ecritures, la situation se révèle beaucoup plus complexe.

Jésus ne franchit que rarement les frontières d’Israël, mais il le fait, et surtout il ne cesse de mettre en lumière les ressources spirituelles et la foi de ceux du dehors, appelant ainsi à la conversion ceux du dedans! Nous allons rappeler ici quelques textes des évangiles qui rendent compte de cet étrange renversement.

L’Evangile chez les païens

Jésus affirme à la fois sa mission prioritaire auprès des brebis d’Israël et la nécessité de prêcher l’Evangile à toutes les nations. En fait, cette ouverture aux païens relèvera de la mission de Paul, des apôtres et de l’Eglise, mais Jésus l’amorce déjà lors de son ministère public. S’il offre du pain aux foules, à l’intérieur des frontières d’Israël (Mc 6,30-44) il le fait aussi pour les païens, dans une seconde multiplication des pains en territoire étranger, dans la Décapole (Mc 8). C’est aussi dans le territoire de Tyr (le Liban actuel) qu’il va guérir la fille d’une syro-phénicienne. Jésus résista à sa demande, lui signifiant son envoi aux fils d’Israël: « il ne sied pas de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens« . Mais cette païenne n’eut pas peur d’insister: « Oui, Seigneur! Et les petits chiens, sous la table, mangent les miettes des enfants! » (Mc 7,24-29), parole qui lui vaudra la guérison de sa fille.

Cette femme n’est pas seule à être attirée par Jésus; les foules viennent à lui, pas seulement de la Judée et de Jérusalem, mais encore « de l’Idumée, de la Transjordane, des environs de Tyr et de Sidon » (Mc 3,7-8). C’est aussi sur l’autre rive du lac, au pays des Geraséniens, que Jésus guérit un homme possédé non seulement par un démon mais par une légion d’esprits mauvais (Mc 5,1-20). C’est encore en territoire païen, à Césarée de Philippe, que Jésus provoque ses disciples: « au dire des gens, qu’est le Fils de l’Homme? » (Mt 16,13ss). Les voilà obligés de se situer par rapport aux opinions qui circulent et c’est Pierre qui, au nom des Douze, va confesser Jésus comme Messie et Fils du Dieu vivant.

L’Evangile aux frontières

Même lorsqu’il ne les franchit pas, le ministère de Jésus se déroule aux frontières. Matthieu aime à le souligner quand Jésus quitte Nazareth pour s’établir à Capharnaüm: « ayant appris que Jean avait été livré, [Jésus] se retira en Galilée et, laissant Nazara, vint s’établir à Capharnaüm, au bord de la mer, sur les confins de Zabulon et de Nephtali, pour que s’accomplît l’oracle d’Isaïe le prophète: Terre de Zabulon et terre de Nephtali, Route de la mer, Pays de Transjordane, Galilée des nations! Le peuple qui demeurait dans les ténèbres a vu une grande lumière; sur ceux qui demeuraient dans la région sombre de la mort, une lumière s’est levée. » (Mt 4,12-17).

Ceux du « dedans » seraient-ils finalement aussi largement des gens du « dehors »?

Le village de Capharnaüm est donc établi à une frontière: de l’autre côté du lac, c’est le territoire païen de l’Iturée et de la Trachonitide, territoire de Philippe (Lc 3,1). On comprend alors qu’à Capharnaüm il y ait eu un bureau de douane, desservi par un certain Matthieu que Jésus va appeler à le suivre (Mt 9,9).

La Bonne Nouvelle destinée d’abord aux fils d’Israël a donc un air d’universalité.

Cette ouverture lui vient de loin: la promesse faite à Abraham concernait les nations (Gn 12). Et même si la Loi de Moïse sembla restreindre l’attention et le choix à Israël, Paul ne s’y est pas trompé: l’universel se devait de triompher. « Or voici ma pensée: un testament déjà établi par Dieu en bonne et due forme, la Loi venue après quatre cent trente ans ne va pas l’infirmer, et ainsi rendre vaine la promesse. Car si on hérite en vertu de la Loi, ce n’est plus en vertu de la promesse: or c’est par une promesse que Dieu accorda sa faveur à Abraham. » (Ga 3,17-18).

Cette universalité éclate dès l’évangile de l’enfance. En Luc, le salut apporté par Jésus est salué par le vieillard Syméon comme étant aussi bien « lumière pour éclairer les nations » que « gloire de ton peuple Israël » (Lc 2,32). Et en Matthieu, au chapitre 2, les mages sont les ambassadeurs des nations auprès du Messie. Ils anticipent la mission confiée aux disciples: « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28,19-20).

Une précision encore: nous vivons aujourd’hui ce qu’il est convenu d’appeler la mondialisation. Les frontières disparaissent, au plan politique mais aussi au plan pratique: le rideau de fer est tombé avec le mur de Berlin, il est possible de se rendre en Chine ou au Chili, au Canada ou en Afrique du Sud, pas vraiment en Corée du Nord… mais cela apparaît comme une exception. Pour un jeune d’aujourd’hui, un village d’Amérique latine ou d’Afrique est presque aussi proche qu’une bourgade de sa province.

Il n’en allait pas de même au temps de Jésus. Pas seulement parce que les moyens de locomotion n’étaient pas ceux dont nous bénéficions aujourd’hui, mais aussi et surtout pour une raison religieuse et sociologique. Israël avait une vive conscience d’avoir été tiré des nations, d’être le peuple élu, et à ce titre il n’avait pas à se mélanger avec les nations païennes. Le fait que Jésus se soucie si peu de ces frontières invisibles mais bien réelles, n’a pu que dresser contre lui l’indignation de bien des croyants, et parfois parmi les meilleurs. « Que celui qui a des oreilles, qu’il entende!« .

Des lointains si proches

Mais dire cela n’est pas suffisant. Il arrive plus d’une fois que Jésus invite ceux « du dedans », ses coreligionnaires juifs, à se laisser interpeller, surprendre même, par ceux « du dehors ». Jésus semble même trouver auprès d’eux un accueil plus généreux. Rappelons la scène inaugurale de son ministère dans la synagogue de Nazareth (Lc 4). Jésus est invité à commenter le passage du prophète Isaïe: « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce qu’il m’a consacré par l’onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur. » Et Jésus de leur dire: « aujourd’hui s’accomplit à vos oreilles ce passage de l’Ecriture« .

Si, dans un premier moment, les habitants de Nazareth admirent ces paroles pleines de grâce, très vite leur attitude se fait hostile. Comment cet homme dont on connaît la famille peut-il se prévaloir d’une pareille mission? Jésus vient au-devant de leur réticence en leur citant un dicton connu: « médecin, guéris-toi toi-même » qu’ils allaient lui opposer en réclamant pour Nazareth les miracles faits à Capharnaüm. Mais Jésus se fait incisif: « En vérité, je vous le dis, aucun prophète n’est bien reçu dans sa patrie. » Et comme si ça ne suffisait pas, il va prendre deux exemples tirés de l’Ecriture: Israël ne manquait pas de veuves au temps d’Elie, pourtant c’est à une veuve de Sarepta qu’Elie fut envoyé, et elle l’accueillit. Et les lépreux ne manquaient pas non plus en Israël, pourtant c’est Naaman, le Syrien, qui fut purifié.

La réaction est immédiate, de colère et d’indignation: comment le Nazaréen peut-il mettre dans une lumière si favorable une femme du Liban et un homme de Syrie? Remarquons que lu aujourd’hui en Israël, ce même passage est tout près de susciter la même réaction, du moins chez certains! Dans le récit parallèle, Matthieu précise: « Et il ne fit pas là beaucoup de miracles, à cause de leur manque de foi. » (Mt 13,58).

Comme si cela ne suffisait pas, Jésus apostropha un jour les villes du bord du lac, c’est-à-dire les villes et villages qui avaient eu souvent l’occasion de le rencontrer, d’entendre ses enseignements, voire d’assister à l’un ou l’autre de ses miracles. « Malheur à toi, Chorazeïn! Malheur à toi, Bethsaïde! Car si les miracles qui ont eu lieu chez vous avaient eu lieu à Tyr et à Sidon, il y a longtemps que, sous le sac et dans la cendre, elles se seraient repenties. Aussi bien, je vous le dis, pour Tyr et Sidon, au Jour du Jugement, il aura moins de rigueur que pour vous. Et toi, Capharnaüm, crois-tu que tu seras élevée jusqu’au ciel? Jusqu’à l’Hadès tu descendras. Car si les miracles qui ont eu lieu chez toi avaient eu lieu à Sodome, elle subsisterait encore aujourd’hui. Aussi bien, je vous le dis, pour le pays de Sodome il y aura moins de rigueur, au Jour du Jugement, que pour toi. » (Mt 11,21-24).

Ceux du « dedans » seraient-ils finalement aussi largement des gens du « dehors »? Et ceux du « dehors », seraient-ils finalement plus proches qu’on ne le penserait de cette Bonne Nouvelle qui leur est aussi destinée?

Un autre jour, Jésus ne donna comme signe à ceux qui en réclamaient un de sa part, que le signe de Jonas, à la prédication duquel les habitants de Ninive se convertirent. Ce sont donc des Babyloniens qui sont donnés en exemple (on dirait aujourd’hui des Irakiens), et Jésus y ajoute la reine du Midi venue honorer Salomon, c’est-à-dire la reine de Royaume de Saba, aujourd’hui l’Ethiopie. Or il y a ici plus que Jonas, et plus que Salomon, et pourtant que de réticences de la part de ceux qui sont tout proches de lui à reconnaître le Fils de l’Homme (cf. Lc 11,29-32).

Il arrive aux proches de Jésus et aux croyants de rester comme extérieurs au message de Jésus.

Des païens modèles

Mais Jésus donne aussi en exemple aux fils d’Israël des gens qui leur sont géographiquement proches et pourtant si lointains: c’est le cas des Samaritains. On sait que les Juifs témoignaient peu d’estime à ces gens de l’ancien Royaume du Nord, dont on soupçonnait la foi de n’être pas authentique, coupés qu’ils étaient également du temple de Jérusalem.

Dans une page sévère de l’évangile de Jean vis-à-vis des Pharisiens se targuant d’être fils d’Abraham, Jésus rétorque douloureusement: « Si je dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas? Qui est de Dieu entend les paroles de Dieu; si vous n’entendez pas, c’est que vous n’êtes pas de Dieu. » Les Juifs lui répondirent: « N’avons-nous pas raison de dire que tu es un Samaritain et que tu as un démon? » (Jn 748). On voit que passer pour un Samaritain n’était pas vraiment un compliment. Or voici que Jésus donne précisément des Samaritains en exemple. Il le fait dans la parabole célèbre du bon Samaritain, venu au secours de l’homme blessé gisant au bord du chemin alors que prêtre et lévite l’avaient évité pour ne pas contracter d’impureté légale en soignant un homme ensanglanté (Lc 10,29-37). Il le fait encore dans l’épisode des dix lépreux purifiés. Un seul revient vers Jésus en glorifiant Dieu, or c’était un Samaritain: « il ne s’est trouvé, pour revenir rendre gloire à Dieu, que cet étranger! » remarque Jésus. Et il lui dit: « Relève-toi, va; ta foi t’a sauvé. » (Lc 17,18-19).

Les premiers sont sans doute allés se montrer aux prêtres, comme Jésus l’avait demandé, mais ce dixième n’avait pas ni temple ni prêtres en Samarie vers qui aller faire constater sa guérison. C’est donc vers Jésus qu’il vient et se prosterne pour rendre grâce à Dieu. C’est donc un étranger qui reconnaît l’Envoyé de Dieu, sanctuaire de sa présence au milieu de son peuple, mieux que les croyants patentés du dedans.

Il faut bien sûr mentionner également le centurion de Capharnaüm, un païen du village de Jésus qui non seulement supplie Jésus de guérir son serviteur mais va jusqu’à lui faire dire: « Seigneur, ne te dérange pas davantage, car je ne mérite pas que tu entres sous mon toit; aussi bien ne me suis-je pas jugé digne de venir te trouver. Mais dis un mot et que mon enfant soit guéri. Car moi, qui n’ai rang que de subalterne, j’ai sous moi des soldats, et je dis à l’un: Va! et il va, et à un autre: Viens! et il vient, et à mon esclave: Fais ceci! et il le fait. » En entendant ces paroles, Jésus l’admira et, se retournant, il dit à la foule qui le suivait: « Je vous le dis: pas même en Israël je n’ai trouvé une telle foi. » (Lc 7,6-10). Chaque fois que nous nous avançons pour communier, nous reprenons ces paroles… d’un païen!

Un étonnant renversement

Je termine par une petite scène étonnante du début de l’évangile de Marc. La famille de Jésus est inquiète devant l’opposition qui se dresse contre lui. « Sa mère et ses frères arrivent et, se tenant dehors, ils le firent appeler. Il y avait une foule assise autour de lui et on lui dit: « Voilà que ta mère et tes frères et tes sœurs sont là dehors qui te cherchent. » Il leur répond: « Qui est ma mère? Et mes frères? » Et, promenant son regard sur ceux qui étaient assis en rond autour de lui, il dit: « Voici ma mère et mes frères. Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là m’est un frère et une sœur et une mère. » (Mc 3,31-35). La foule, habituellement à distance ou au dehors, se trouve étonnamment « dedans », assise autour de Jésus, alors que ses proches qu’on attendrait dedans se retrouvent « dehors », voulant récupérer Jésus.

Ce paradoxe a paru trop brusque aux autres évangélistes. Matthieu atténue la démarche de la parenté (Mt 12,46-50): ils cherchent seulement « à lui parler ». Luc gomme davantage encore ce paradoxe (8,19-21): si la famille reste au dehors, c’est seulement parce que la foule les empêche d’entrer: on voit là le signe d’une première marque de respect envers notamment la mère de Jésus qu’on ne peut imaginer « dehors ». On me permettra de souligner pourtant la portée du récit de Marc: il arrive aux proches de Jésus et aux croyants de rester comme extérieurs au message de Jésus, alors que ceux du lointain sont saisis dès qu’ils s’en approchent. Le propos n’a rien perdu de son actualité!

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Jean-Michel Poffet

Jean-Michel Poffet

Ancien directeur de l’Ecole biblique et Archéologique de Jérusalem, le frère dominicain suisse Jean-Michel Poffet est aussi membre de l’équipe rédactionnelle de la revue Sources.

 

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Eglise – Etat Enjeu et débat https://www.revue-sources.org/eglise-etat-enjeu-debat/ https://www.revue-sources.org/eglise-etat-enjeu-debat/#respond Wed, 01 Jan 2014 13:34:39 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=195 [print-me]

Le contexte des trois articles qui suivent est une discussion qui prend de l’ampleur et même un caractère polémique en Suisse alémanique. Le problème soulevé existe aussi en Suisse romande. Il se pose cependant en des termes différents. Des tensions entre la pastorale et les finances sont constatables partout du fait du «système dual» de notre Eglise. Réduire ces tensions à un affrontement clercs/laïcs, comme les positions exacerbées le reflètent en Suisse alémanique, manifeste un problème plus profond qui relève de l’ecclésiologie: celui d’une Eglise corps du Christ dont chacun devrait se reconnaître membre à part entière et par conséquent au service d’un même bien, celui de la communion et de la mission.

Notre revue se propose de clarifier ce débat helvétique. Et de le rendre compréhensible à nos voisins qui s’étonnent – avec raison – de la complexité des relations Eglise-Etat sur notre territoire national. Tout d’abord, que signifie ce «système dual» qui semble être la pierre angulaire de ces relations, mais aussi une source de malentendus et de conflits. A telle enseigne que la Conférence des évêques suisse s’est cru obligée de faire paraître en décembre 2012 un «Vade-mecum» pour établir les règles de bon fonctionnement entre l’Eglise catholique et les corporations de droit public ecclésiastique. Nous avons fait appel à un expert averti, dont il n’est pas nécessaire de rappeler les compétences: M. Philippe Gardaz, ancien juge cantonal de l’Etat de Vaud, observateur attentif de la vie ecclésial dans notre pays[1].

Nous avons ensuite donné la parole à un vicaire général d’un diocèse alémanique, Mgr. Martin Grichting. Son plaidoyer en faveur d’une séparation Eglise-Etat en Suisse reflète des difficultés précises rencontrées dans l’exercice de sa charge, très proche de celle de l’évêque. La solution radicale qu’il préconise heurtera sans doute beaucoup de catholiques suisses. Mais nous devons tenir compte de son point de vue qui, au vu de la sécularisation montante, pourrait bien être prophétique.

Enfin, nous avons voulu jeter un regard sur le statut de l’Eglise de France, proposé comme modèle en la matière par le vicaire général de Coire. Il ne sera pas inintéressant de lire dans ce contexte les propos de Philippe Verdin sur la laïcité «à la française».

Nous avons conscience que ce débat implique une approche et un discernement «charismatiques» des ministères et compétences. Leurs contours et leur exercice devraient être réglés dans un esprit de communion. Le rapport de forces cristallisé par ces discussions révèle un affaiblissement de la conscience de ce corps dont le Christ est la Tête, unique autorité à laquelle tous sont soumis. Agents pastoraux (prêtres et laïcs) et financiers participent au même service. Le système dual exige un fonctionnement commun.

Force est de constater qu’il y a un immense travail pour combler la mutuelle méconnaissance des exigences pastorales et de gestion. La raréfaction, déjà palpable et qui va aller en s’accentuant, des ressources tant financières que personnelles nous oblige à dépasser nos divergences, à reformuler nos options essentielles en vue d’une meilleure gestion commune des moyens à disposition. Raison pour laquelle il y a urgence à promouvoir une saine collaboration de toutes les énergies, dans le respect du travail et du ministère (au sens large) de chacun pour le bien des communautés et le soutien de leur témoignage évangélique. Un chemin d’écoute, d’explication voire de tensions qui peut porter du fruit à long terme, si prévaut au cœur de chacun l’esprit évangélique de synodalité et de subsidiarité promu par Vatican II et rappelé par le Pape François.

[1] Parmi ses multiples contributions en la matière, mentionnons cet article de P. Gardaz qui ne manquera pas d’intéresser nos lecteurs genevois : « Les dispositions religieuses de la constitution cantonale genevoise du 14 octobre 2012, », paru dans l’Annuaire suisse du droit ecclésial, Peter Lang, 2012.

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En Suisse, une Eglise «duale»? https://www.revue-sources.org/en-suisse-une-eglise-duale/ https://www.revue-sources.org/en-suisse-une-eglise-duale/#respond Wed, 01 Jan 2014 13:33:32 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=193 [print-me]

Le président de la Conférence des Evêques de Suisse (CES), Mgr. Büchel, dans une interview à la Neue Zürcher Zeitung (NZZ), le 21 septembre 2013, précise qu’en Suisse l’Eglise catholique jouit d’un système de gouvernement ecclésiastique « dual »: d’une part la « corporation ecclésiastique » et d’autre part ce qu’il appelle l’ « Eglise canonique ». Autrement dit: le pouvoir laïc et le pouvoir épiscopal.

Mgr Büchel convient que des tiraillements sont possibles et bien réels. Mais il ne remet pas en cause ce système qui, selon lui, ne doit pas être supprimé, mais « optimisé ». D’où les questions posées par notre rédaction à M. Philippe Gardaz.

Toute l’Eglise catholique qui est en Suisse est-elle concernée par ce « gouvernement dual », ou seulement certains cantons?

Philippe Gardaz: A juste titre, Mgr Büchel parle de « système dual » plutôt que de « gouvernement dual ». Ce système concerne presque tout le pays, car il y a une organisation ecclésiastique cantonale (Fédération, corporation, LandeskircheKantonskirche), parallèle aux diocèses, vicariats, unités pastorales, etc., dans chaque canton, sauf en Valais.

Quelle est l’origine de ce système? Déteinte de l’ecclésiologie réformée sur l’Eglise catholique? Défection du pouvoir épiscopal sous l’Ancien Régime? Mesures imposées par le Kulturkampf?

Ce système est le résultat de plusieurs facteurs. Tout d’abord, le fait que ce sont les Etats cantonaux qui sont depuis toujours compétents en matière de rapports Eglise-Etat. Dans les cantons réformés, l’Eglise était, sous l’Ancien Régime, Eglise d’Etat, acquérant progressivement son autonomie au cours des XIXe et XXe siècles et adoptant alors une organisation calquée sur celle de son canton. Dans les cantons catholiques, l’Eglise et l’Etat étaient organiquement séparés, mais très proches dans leurs actions concrètes.

Le système dual est une solution ancrée dans les mœurs helvétiques et dès lors durable.

Lorsqu’au cours du XXe siècle, les cantons réformés, Berne et Zurich notamment, ont reconnu leur minorité catholique, ils ont « naturellement » prévu pour elle une organisation symétrique à celle de leur Eglise nationale réformée, mais divergeant de la tradition catholique. Ce fut aussi le cas dans les cantons paritaires (Argovie, Thurgovie, Glaris, Grisons). Certains cantons catholiques ont aussi créé des structures ecclésiastiques de droit public, organisées démocratiquement, vu l’octroi du droit de lever l’impôt ecclésiastique. Ainsi Fribourg à la fin du XIXe siècle. Mais sans imposer l’élection des curés par les fidèles.

Ce système est-il compatible à l’ecclésiologie catholique définie par Vatican II?

Ce système est conforme à l’ecclésiologie de Vatican II dans la mesure où il respecte le rôle fondamental de l’évêque diocésain. Mais tel n’est pas toujours le cas en Suisse. D’où le Vade-mecum qui n’est qu’un rappel, une mise au point sur quelques questions particulières.

Compte tenu de la sécularisation actuelle, ce système n’est-il pas désuet, appelé à disparaître?

Non. Le système dual est une solution ancrée dans les mœurs helvétiques et dès lors durable. Il permet d’ailleurs, à travers l’impôt (ou la contribution) ecclésiastique en vigueur dans plus de vingt cantons, d’assurer le financement de l’Eglise catholique par les contributions des fidèles, comme le prévoient ses règles propres (can 222 CIC).

L’Eglise n’a-t-elle pas avantage à pourvoir elle-même à ses moyens de subsistance plutôt que de les attendre d’un Etat qui la contrôle?

L’Etat, c’est-à-dire les cantons suisses, ne contrôle pas les Eglises. La Confédération non plus. L’Etat se désintéresse des Eglises, mais leur octroie le droit de prélever l’impôt ecclésiastique moyennant l’organisation d’une structure démocratique de droit public qui n’est pas un contrôle de l’Eglise mais un appui. A Neuchâtel et à Genève, l’Etat récolte la contribution volontaire. Mais l’argent vient des fidèles, pas de l’Etat.

Autre application: le Canton de Vaud. Depuis 2003, l’Etat par son budget général assure aux deux Eglises reconnues les moyens nécessaires à l’accomplissement de leur mission au service de tous dans le canton. Pour l’Eglise catholique, ce sont environ 25 millions de francs suisses par an. C’est un cas unique en Suisse.

L’expérience est positive, car l’Etat a respecté l’identité catholique, s’abstenant, par exemple, d’imposer l’élection des curés par les fidèles. Mais il n’a pas reconnu l’Eglise catholique romaine comme telle, notamment les diocèses englobant le territoire vaudois, sinon à travers la Fédération ecclésiastique catholique romaine, qui fait suite à la Fédération des paroisses catholiques du canton.

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Philippe Gardaz

Philippe Gardaz

Philippe Gardaz, ancien juge cantonal vaudois, spécialiste du droit ecclésiastique suisse.

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Le bien de l’Eglise et les biens de l’Eglise https://www.revue-sources.org/le-bien-de-leglise-et-les-biens-de-leglise-en-suisse-une-eglise-dans-les-murs/ https://www.revue-sources.org/le-bien-de-leglise-et-les-biens-de-leglise-en-suisse-une-eglise-dans-les-murs/#respond Wed, 01 Jan 2014 13:20:41 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=189 [print-me]

La Suisse, notamment alémanique, se trouve agitée depuis quelques années déjà par un débat concernant les « corporations de droit public ecclésiastique« , dites « Eglises cantonales » ou Landeskirchen, et les « communes ecclésiastiques » ou Kirchgemeinden. A première vue, on pourrait penser qu’il s’agit d’un litige portant sur le droit, le pouvoir et la compétence. Mais à considérer les choses de plus près, il en va de la nature de l’Eglise et de sa mission au sein de la société contemporaine.

Le précédent français

Ouvrons ce débat spécifiquement suisse en jetant un regard rapide sur la France, notre voisine. La loi française de 1905 stipulant la séparation de l’Eglise et de l’Etat constituait en définitive rien de moins qu’un chantage. On sommait l’Eglise de transférer la totalité de ses biens à des associations culturelles. Dans le cas contraire, ceux-ci deviendraient propriété de l’Etat. Dans leur désir de préserver les biens de l’Eglise, une majorité d’évêques étaient prêts à adhérer à une forme remaniée d’association culturelle. Le prix à payer aurait été le morcellement de l’Eglise de France en 40’000 corporations ecclésiastiques, démocratiquement organisées. Le curé lui-même serait devenu simple membre d’une association dont il aurait dépendu financièrement. Ainsi, il se serait vu privé de son statut spécifique reconnu par le droit canonique.

Or, le Pape Pie X interdit aux évêques de France de se soumettre à ce régime. Un peu plus tard, dans son encyclique Une fois encore, du 6 janvier 1907, le Pape justifiera sa décision: « C’est perfidement mise en demeure de choisir entre la ruine matérielle et une atteinte consentie à sa constitution, qui est d’origine divine, qu’elle a refusé, au prix même de la pauvreté, de laisser toucher en elle à l’œuvre de Dieu« [1]. Bien des années plus tard, en 1995, Joseph Ratzinger commentera ce drame dans les termes suivants: « Le bien de l’Eglise est plus important que les biens de l’Eglise. Nous nous départissons des biens parce que nous devons défendre le bien« [2].

Le système suisse

En Suisse, on a pris le chemin inverse. Au prix d’une mise en question de la nature sacramentelle de l’Eglise, on a fini par accepter un système fiscal étatique qui organise les laïcs en parallèle à leur incorporation ecclésiale. Ceux-ci sont regroupés dans des structures démocratiques sous le nom d’ »églises cantonales » et de « communes ecclésiastiques ».

Ce système a l’avantage de générer d’énormes sommes d’argent que seules les églises cantonales et les communes ecclésiastiques ont le pouvoir de gérer à leur convenance. Le montant s’élève annuellement à environ un milliard de francs, pour 3 millions de catholiques dûment déclarés. Un curé dans le canton de Zurich touche ainsi un salaire annuel plafonnant à 150’000 francs, sans parler des théologiens laïcs et autres fonctionnaires de la Landeskirche dont les salaires sont encore plus élevés.

Leur liberté de prêcher l’Evangile se voit entravée par la menace d’un licenciement de la part de la commune ecclésiastique.

L’administration de ce pactole financier est confiée à des laïcs démocratiquement élus. Ils l’exercent indépendamment des évêques et des curés, conformément à des critères et appréciations qui leur sont propres et s’appuyant sur le droit public de l’Etat. La conférence des évêques est alimentée, pour l’essentiel de son fonctionnement, par la même source.

L’évêque comme la reine d’Angleterre

On pourrait argumenter qu’il s’agit là de considérations purement formelles, structurelles, juridiques, voire canoniques, même si on viole quelques principes ecclésiologiques qui réservent aux seuls évêques et curés le bon usage des biens de l’Eglise.

Ne devrait-on pas plutôt se féliciter de voir l’Eglise si confortablement dotée et en mesure de faire largement le bien? Malheureusement, force est de constater que ces distorsions ne se limitent pas à quelques confusions d’ordre structurel et ecclésiologique.

Selon le cardinal Kurt Koch, ancien évêque de Bâle, ce système de droit publique ecclésiastique a eu pour conséquence que sa tâche d’évêque ne consistait pas tant à « gouverner effectivement » son diocèse qu’à le « représenter affectivement ». On l’a même entendu se comparer à la reine Elisabeth d’Angleterre, comme un monarque constitutionnel. Il en va de même des curés de paroisse qui se retrouvent sensiblement dépendants des communes ecclésiastiques. Leur liberté de prêcher l’Evangile se voit entravée par la menace d’un licenciement de la part de la commune ecclésiastique.

L’Eglise suisse – une Eglise « dans les murs »?

Cela nous mène au problème névralgique. Le système de droit public ecclésiastique en vigueur en Suisse renforce le malentendu qui consiste à jauger l’engagement chrétien au degré du pouvoir décisionnel. En effet, de nombreux laïcs évaluent leur degré d’appartenance à l’Eglise en fonction des opportunités qu’elle leur offre de délibérer en son sein. Ce système contribue à cléricaliser les laïcs et, autre conséquence fâcheuse, conduit l’Eglise à une réflexion permanente sur son propre fonctionnement.

Puisque les laïcs assument subrepticement – par le biais de la finance – des tâches de gouvernement, les disputes de compétence avec les évêques et curés sont devenues récurrentes. Le système de droit public ecclésiastique est devenu de fait une source de querelles interminables. Les médias s’en repaissent, plutôt que de prêter attention à l’Eglise et à sa mission. Ces litiges ont fini par affecter les laïcs eux-mêmes qui se trouvent en conflit avec les évêques et curés. Ils se sentent frustrés, non seulement dans leur statut de fonctionnaires de corporations de droit public ecclésiastique, mais aussi comme chrétiens.

A cela s’ajoute le fait que ces activités toutes tournées ad intra ne sont guère propices pour comprendre ce que disait Vatican II de la mission des laïcs (Cf. Lumen Gentium, chapitre IV). Certes, on y trouvera quelques lignes (par. 33) consacrées à la coopération des laïcs à la mission de la hiérarchie. Par contre, les paragraphes 30 – 38 dressent le portrait du laïc, témoignant sa foi au Christ par une conscience éclairée que ce soit au sein da la famille, de la société, en politique et dans la culture. Alors que Vatican II presse les chrétiens à aller « hors les murs », le droit public ecclésiastique en vigueur en Suisse les renferme « dans les murs » et dans les sacristies. Sans pourtant accuser ce système d’encourager explicitement la stérilité spirituelle et missionnaire de l’Eglise en Suisse, il faut constater qu’il ne lui insuffle pas la force vitale qui permettrait à cette Eglise de réformer chrétiennement la société de ce pays.

Ce système n’insuffle pas cette force vitale qui permettrait à l’Eglise de réformer chrétiennement la société de ce pays.

La démocratie et ses limites

Cette faiblesse est due, en outre, au fait que le régime de droit public ecclésiastique se veut démocratique. Le problème que ce système de gouvernement n’est pas compatible avec le principe de synodalité et de communion de l’Eglise n’est pas purement formel. Les enjeux sont plus larges. Dans une démocratie, il est légitime, voire de nécessité absolue de trouver des majorités. Sans majorité, pas de gouvernement. Tout parti formule son programme en vue de conquérir une majorité. Il se pourrait qu’à certaines époques, aujourd’hui révolues, l’Evangile ait pu trouver dans la société ambiante une majorité.

Toute la fortune du monde ne saurait faire naître une Eglise vivante.

Mais ce ne fut pas la règle générale, à commencer par l’accueil mitigé réservé à notre Seigneur Jésus-Christ. Notre religion est dotée d’un « programme » qui normalement n’est pas capable de conquérir des majorités. Il est donc illusoire de vouloir vivre dans des structures qui présupposent l’adhésion de la majorité. Et cela dans une société comme la nôtre, qui tient à marquer ses distances par rapport à l’Evangile. Dans ce cas, se pose alors la question de ce qui est préférable: « le bien » de l’Eglise ou « les biens » de l’Eglise? Autrement dit: L’Eglise, pour sauvegarder le privilège de l’impôt ecclésiastique, doit-elle renoncer à annoncer tout l’Evangile pour se limiter à ce qui semble acceptable par notre société sécularisée?

Pour une Eglise « hors les murs »

Entre temps, la Conférence des évêques suisses a rendu public un Vade-Mecum pour reformuler la collaboration de l’Eglise catholique avec les corporations de droit public ecclésiastique. C’est un premier pas dans la bonne direction, dans la mesure où ce document souligne le caractère « auxiliaire » des corporations de droit public ecclésiastique. Loin de constituer le gouvernement de l’Eglise, celles-ci en sont un appui. Il ne leur revient pas de définir les critères à adopter par l’Eglise dans son action pastorale et catéchétique, parce que l’Evangile ne peut pas être soumis au principe de la majorité.

A l’avenir, les efforts devront tendre à réorienter l’optique des laïcs et des clercs. Les laïcs ne forment pas une corporation indépendante dans l’Eglise ayant pour but de négocier avec les évêques la façon de la gouverner. Vatican II, au contraire, a appelé les laïcs à rendre témoignage au Christ « hors les murs », au cœur du monde et jusqu’aux bords de la société.

Quant aux biens de l’Eglise, l’histoire ne cesse de démontrer depuis 2000 ans et partout dans le monde qu’une communauté spirituellement vivante ne manque pas de ressources matérielles. Les fidèles se montrent généreux envers une Eglise portée par des motivations justes, entendez « spirituelles ». Le contraire est tout aussi vrai, comme vient le prouver l’exemple de la Suisse alémanique: Toute la fortune du monde ne saurait faire naître une Eglise vivante.

Qu’on se souvienne ici de la parole de l’Evangile: « Cherchez d’abord le Royaume et la justice de Dieu, et tout cela vous sera donné par surcroît » (Mt 6, 33).

[1] ASS 40 (1907), p. 7.

[2] Joseph Ratzinger, Le sel de la terre. Le christianisme et l’Eglise catholique au seuil du IIIe millénaire, Paris, 1995.

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Martin Grichting

Martin Grichting

Martin Grichting, docteur habil. en droit canon de l’Université de Munich, est vicaire général du diocèse de Coire/Chur, dont font partie les cantons des Grisons, Uri, Schwyz, Obwald, Nidwald, Glaris et Zurich.

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Laïcité, une chance ou une catastrophe? https://www.revue-sources.org/laicite-une-chance-ou-une-catastrophe/ https://www.revue-sources.org/laicite-une-chance-ou-une-catastrophe/#respond Wed, 01 Jan 2014 13:17:05 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=187 [print-me]

Un roman drôle et enlevé peut servir de parabole. Il s’agit de comprendre le rapport paradoxal que les Français entretiennent avec la laïcité. Le Mobilier national de Laurence Cossé (Gallimard, 2001) raconte les affres d’un haut fonctionnaire du ministère de la Culture.

Le fardeau

Malgré les guerres de religion, les guerres civiles, les conflits ravageurs avec les Anglais et les Allemands (pas avec les Suisses – ouf!), d’innombrables et magnifiques monuments religieux se dressent toujours au cœur des villes, sur les collines du bocage, au bord des rivières. Ils sont l’un des signes du génie français. Ils font la fierté des citoyens, croyants ou athées. Ils inscrivent le paysage dans une histoire où la gloire et la foi faisaient jadis bon ménage.

Rien que pour les cathédrales, une soixantaine de monuments imposants s’élèvent comme un axe au cœur des cités. Sans compter des basiliques rustiques, Vézelay et autres Mont Saint-Michel. Or ses monuments médiévaux coûtent une fortune. Il faut sans cesse les réparer, les restaurer, les entretenir. Ces cathédrales réclament les soins de centaines d’ouvriers spécialisés, d’artisans habiles, d’architectes et d’ingénieurs qui auscultent, diagnostiquent, prescrivent le traitement de sauvegarde. Or c’est l’Etat qui paye. La loi du 9 décembre 1905 a confisqué les bâtiments religieux dont l’Eglise était propriétaire. La république a sur les bras ces magnifiques, énormes et fragiles lieux de culte. Car l’Etat est contraint dorénavant d’entretenir des bâtiments qui servent principalement aux catholiques, et que ceux-ci utilisent gratuitement. La spoliation de l’Eglise se révèle finalement pour elle une libération. Jean-Léger Tuffeau sait que le budget rabougri du ministère de la Culture ne permet plus d’entretenir toutes ces basiliques, cathédrales, chapelles, abbayes, cloitres, clochetons. Il décide d’en sacrifier des dizaines à la dynamite, pour n’en conserver qu’une vingtaine, ceux que la politique de rigueur permet de maintenir en état.

La laïcité à la française est un accident de notre histoire.

Cette fable éclaire les rapports ambigus qu’entretiennent l’Eglise et l’Etat en France. La République laïcarde, en voulant brider la religion catholique, a soulagé celle-ci de l’entretien écrasant de son patrimoine. Elle a confisqué les bâtiments religieux en estimant qu’ils appartenaient au patrimoine commun de tous les français, pas seulement de ceux qui vont à la messe. Ce faisant, elle a offert à l’Eglise l’entretien de son gîte pour l’éternité. Quelques palais épiscopaux sont devenus préfectures, quelques bibliothèques conventuelles ont alimenté le fond poussiéreux des bibliothèques départementales. Mais les cathédrales, entretenues à grand frais par l’Etat sont confiées gratuitement à l’Eglise catholique pour l’exercice du culte. L’Etat prétend contrôler, maintenir les cultes dans un cadre qu’il impose, mais en fait l’Eglise tire admirablement son épingle du jeu.

Difficile laïcité à la française

Un candidat écologiste à la présidence de la république en 2002, Alain Lipietz, affirmait, la main sur le cœur, qu’il fallait défendre la laïcité à la française « que le monde entier nous envie ». On a le droit de douter que le monde entier envie ce particularisme hexagonal. En réalité, il n’apparait pas que cette fameuse laïcité à la française soit exportable, ni qu’elle fasse pâlir d’envie les autres peuples, sauf bien sûr ceux qui vivent sous le régime d’une oppression théocratique. Si les Français prenaient la peine d’observer les usages de leurs voisins européens, ils découvriraient que tous ont des rapports équilibrés si ce n’est pacifiés avec la religion. La laïcité à la française est un accident de notre histoire, un témoin des négociations laborieuses à la suite d’affrontements idéologiques, un compromis entre des fractions antagonistes. Elle n’est en rien la panacée du rapport entre la République et la religion. On peut même douter qu’elle soit un pilier de la République, comme l’affirmait Jacques Chirac, au même titre que la liberté, l’égalité et la fraternité.

La laïcité à la française, c’est un consensus prudent qui affirme que la République ne fait pas acception de la religion des citoyens. Elle ne favorise et ne finance aucun culte.

Sous prétexte de neutralité, la laïcité française considère de fait la religion une menace implicite, un danger permanent pour la vie sociale, une marmite spirituelle bien encombrante. Au lieu d’envisager tout ce qu’objectivement la religion apporte au lien entre les générations, à la vie sociale et culturelle, à l’équilibre des communautés, tout ce que la religion offre d’expérience et de réflexion sur l’éducation, sur la coopération internationale, sur l’accompagnement des personnes malades ou âgées, sur la place de la vie et de la mort, sur l’identité de la personne dans son rapport avec les pouvoirs, la Nation prend acte d’une réalité qu’elle n’a pu effacer, mais la tient à distance.

Une politique schizophrène

Au-delà des lois et du préambule de la Constitution qui rappelle avec vigilance que la France est républicaine et laïque, la question de la laïcité révèle une maladie bizarre des élus. A l’échelon local, le maire, le conseiller général, le député consacrent une grand part de leur pouvoir, de leur budget à la relation avec l’Eglise catholique. Pour un grand nombre de petites municipalités, l’entretien de l’église paroissiale concerne une part importante du budget de la ville. Le maire rencontre volontiers le curé au monument aux morts et à la fête patronale. Le conseiller général de gauche à Marseille et le maire de droite font concurrence pour savoir qui contribuera le plus généreusement à la restauration du couvent des dominicains. Le député socialiste de Lisieux est fier que le recteur de la basilique sollicite son appui financier afin d’agrandir le parking et d’installer des toilettes pour les pèlerins. Tout ça se passe dans la bonne entente, non dénuée d’arrière pensée électorale, parce que l’Eglise catholique est une réalité épaisse et incontournable de la vie française.

La liberté, don de la Grâce, lui est imposée par le régime de la laïcité.

Et puis soudain, lorsqu’on dépasse l’échelon d’une circonscription départementale, les mêmes qui remettaient hier la Légion d’honneur au Recteur de la paroisse de Plouarzé et offraient des subventions importantes au Secours catholique empruntent soudain la posture des Présidents du Conseil moustachus de la IIIème République pour partir (verbalement) en guerre contre les menaces qui pèseraient sur la laïcité, se préoccupent du coût du voyage du pape et de la surface du voile que portent les femmes musulmanes aux marchés de Sarcelles. On peut en sourire, même si ce réflexe révèle un manque de compréhension des enjeux profonds et qu’il blesse parfois les croyants. Jean-Pierre Machelon, doyen de la Faculté de Droit de l’université Paris Descartes et auteur d’un rapport sur les relations des cultes avec les pouvoirs publics, le constate, désabusé: « Depuis une vingtaine d’années, la bannière laïque a réapparu sur le forum, à la faveur de confrontations inédites et de surenchères. »

L’Islam en embuscade

Si notamment la gauche française, en mal de projet, se rabat sur ses vieux poncifs inusables et consensuels auprès de leurs militants les plus obtus, la méfiance sourcilleuse vis-à-vis de la religion s’explique aujourd’hui par le surgissement de l’Islam dans le paysage social et urbain. Une religion identitaire dans ses formes rituelles et qui modèle le croyant dans tous les aspects de sa vie inquiète et irrite. Beaucoup de Français, parce qu’ils ont une identité fragile (Qui suis-je? En quoi crois-je? Qu’est ce que je transmets? ) sont perturbés par les signes exotiques d’une religion qui s’affirme sans complexe. La laïcité française ne privilégiant pas (officiellement) une religion par rapport aux autres, elle réagit globalement face au phénomène religieux en invoquant une menace diffuse qui en fait concerne l’Islam.

D’où la tentation pratique de vouloir « reléguer le religieux dans la sphère privée », quitte à ignorer la place que le religieux occupe intensément ou de manière diffuse dans la vie sociale et relationnelle de la majorité des citoyens. Avec une audace qui a pu dérouter les partisans d’un statu quo vermoulu, le Président Nicolas Sarkozy n’a pas hésité pour sa part à souhaité que la laïcité, arrivée à maturité, « ne considère pas les religions comme un danger mais comme un atout. » (Discours du Latran, 20 décembre 2007). Son projet de « laïcité positive » qui invitait les religions à travailler en synergie avec les pouvoirs publics dans les domaines où « le sens de la vie » est en jeu, n’a guère reçu d’échos, ni du côté du monde politique, ni du côté de l’épiscopat.

Une chance incroyable pour l’Eglise catholique

La laïcité à la française a offert à l’Eglise catholique un mode d’existence précaire qui se révèle une chance. La fragilité de ses ressources contraint l’Eglise catholique à la pauvreté, excellente et stimulante vertu évangélique. Elle oblige les fidèles à la responsabilité, car sans le soutien de l’Etat, l’Eglise dépend intégralement du souci des chrétiens.

L’Eglise catholique ne reçoit aucun subside de l’Etat, et se trouve libre vis-à-vis des pouvoirs publics. La liberté, don de la Grâce, lui est imposée par le régime de la laïcité.

Enfin la laïcité, qui proclame l’indépendance de la religion et de l’Etat, oblige l’Eglise à se penser « dans le monde, mais pas du monde ». La laïcité est une doctrine qui se présente comme un retrait, comme un creux. Cette position offre à l’Eglise le défi stimulant de remplir ce creux. A une pensée qui se veut neutre par rétraction, l’Eglise peut proposer à tous l’hospitalité du Christ. L’Etat laisse le champ libre à la proclamation rafraichissante de l’Evangile, sans prosélytisme mais comme un supplément d’âme.

Aujourd’hui, les catholiques français sont soucieux de s’impliquer avec force et talent dans la vie sociale et politique française. Engagés dans le tissu social et associatif, ils ne se posent pas en retrait, mais au contraire comme des citoyens sans complexe. Ils apportent une singularité revigorante dans le consensus laminant du conformisme intellectuel. Dans le scepticisme ambiant qui atteint la politique, le sport, le syndicalisme et les modèles économiques, leur foi les rend originaux. Bien que pauvre et déconsidérée, l’Eglise est solide parce qu’elle croit.

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Philippe Verdin

Philippe Verdin

Le frère dominicain français Philippe Verdin a été conseiller religieux au cabinet du Président de la République française en 2007 et 2008. Il avait auparavant publié un livre d’entretiens avec Nicolas Sarkozy sur la laïcité positive (La République, les religions, l’espérance, Cerf, 2004).

 

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Quelle ouverture pour les divorcés remariés? https://www.revue-sources.org/quelle-ouverture-pour-les-divorces-remaries/ https://www.revue-sources.org/quelle-ouverture-pour-les-divorces-remaries/#respond Wed, 01 Jan 2014 13:14:04 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=184 [print-me]

L’ouverture miséricordieuse du pape François laisse espérer que l’Eglise catholique pourra un jour assouplir sa doctrine et sa pratique à l’égard des divorcés remariés. Un sujet douloureux que le pape a aussitôt mis à l’ordre du jour des travaux du groupe des huit cardinaux appelés à collaborer étroitement avec lui au gouvernement de l’Eglise, et maintenant au programme du prochain Synode sur la famille (2014-2015).

La doctrine et la vie

Est-ce fait exprès? Voici que la lettre publiée fin octobre, de Mgr Gerhard Müller, préfet de la Congrégation de la Foi, vient rappeler avec force que la position officielle de l’Eglise catholique ne peut changer d’un iota, au contraire. Fondée sur l’Ecriture et la Tradition, elle est confirmée par le concile Vatican II, et plus encore par les derniers papes Jean-Paul II et Benoît XVI.

Sommairement, on pourrait résumer cette doctrine ainsi. La parole de Jésus « que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni », établit clairement l’indissolubilité absolue du mariage scellé entre deux chrétiens baptisés. Est donc exclue toute possibilité d’un deuxième mariage religieux après un divorce civil, et même toute forme de cérémonie comportant une « bénédiction » de la nouvelle union. D’où l’interdiction faite aux divorcés vivant maritalement d’accéder à la communion eucharistique, en raison de « la contradiction objective » existant entre leur condition de divorcés remariés et la communion entre le Christ et l’Eglise qui s’exprime à la fois dans l’Eucharistie et dans le mariage. Sans quoi, ajoute-t-on, les fidèles pourraient mettre en doute la doctrine de l’indissolubilité du mariage chrétien.

Sans doute affirme-t-on que ces personnes, exclues de la communion eucharistique, ne sont pas pour autant « excommuniées », qu’elles continuent d’appartenir à l’Eglise et sont même invitées à participer, entre autres, à la messe – sans communier! – et à l’adoration eucharistique. A moins que ces chrétiens, vivant fidèlement en couple et en famille, s’engagent à cohabiter ensemble comme des amis, ou des frères et sœurs, en prenant « l’engagement de vivre en pleine continence. » Toujours parce que leur vie maritale les met en situation objective de péché!

Allez demander à ces époux ce que signifie cette « contradiction objective » en raison du caractère « ontologique » que garde le lien de leur premier mariage (alors que dans leur cœur et dans leur vie ce lien n’existe plus réellement, hélas)! Ils ne vivent pas dans le royaume inamovible de l’objectivité et de l’ontologique, mais dans le monde des personnes (ce sont des sujets et non des objets) vivant une histoire de relations, certes fragiles et toujours appelées à la conversion, mais dans la mesure de leur capacité, qui est toujours « subjective », dans leur « périphérie existentielle ».

Déclaration controversée

Cette déclaration publiée dans l’Osservatore romano du 22 octobre (sans approbation explicite du pape, semble-t-il), mais déjà dans une revue allemande le 15 juin, n’a pas manqué de susciter de vives réactions, y compris de la part de certains évêques et cardinaux allemands. En juillet déjà, le cardinal de Berlin Mgr Woelki, déclarait que « l’Eglise catholique devrait réviser son approche sur les divorcés remariés et en discuter », ajoutant encore: « en tant que prêtre, je dois supposer que quiconque me demande la communion le fait avec un cœur pur », mais aussi: « les époux qui, reconnaissant l’échec de leur mariage, ne reçoivent pas la communion, donnent un fort témoignage de foi. »

Plus récemment, le 7 novembre, le cardinal de Munich Reinhard Marx, commentant directement la lettre de Mgr Müller, déclarait: « le préfet de la Congrégation de la Foi ne peut clore le débat… Nous verrons que ce sujet sera discuté dans toute sa largeur », entre autres lors du Synode sur la famille. A son tour, le Secrétaire général du Synode a confirmé que la question restait ouverte: « Nous allons en discuter sans tabou. » Et de citer un passage significatif de l’Exhortation apostolique Evangelii Gaudium: « L’Eucharistie n’est pas un prix destiné aux parfaits, mais un généreux remède et un aliment pour les faibles… L’Eglise n’est pas une douane, elle est la maison paternelle où il y a de la place pour chacun avec sa vie difficile. » (n.47)

Retour à l’Assemblée Diocésaine AD 2000

Qui s’en souvient encore? Dans le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, l’Assemblée diocésaine AD 2000 a consacré une part importante de ses travaux aux pauvres et aux exclus, notamment à la douloureuse question des Divorcés remariés dans l’Eglise. Le Document 6 qui porte ce titre est encore aujourd’hui d’une brûlante actualité, et il vaudrait la peine de le relire en entier. Ce document, comme les huit autres, fut solennellement approuvé par l’évêque lors de la clôture du 4 juillet 2000: « En vertu du ministère apostolique que je tiens du Christ, je demande que toutes ces dispositions soient portées à la connaissance de tous, qu’elles soient mises en valeur, accueillies dans le souffle de l’Esprit et vécues pour la gloire de Dieu et le salut du monde. » Un tel engagement n’a-t-il pas autant de valeur que la lettre d’un préfet de Congrégation?

La conscience personnelle est l’ultime instance à laquelle doit se référer l’homme au moment de prendre une décision éthique.

Après avoir rappelé les déclarations officielles de l’Eglise concernant les divorcés remariés, AD 2000 évoque aussi les nombreux appels du peuple de Dieu émanant des Eglises locales durant ces dernières années, pour en conclure:

« Dans toutes ces démarches, toujours plus nombreuses et persistantes, comment ne pas voir un signe de l’Esprit à l’œuvre dans le peuple de Dieu, une expression du ’sensus fidelium’? »

« Notre assemblée, elle aussi, croit qu’un chemin doit être recherché qui témoigne, mieux que la discipline actuelle, de la largesse du cœur de Dieu pour ceux qui ont fait l’expérience de l’échec de leur premier mariage et qui témoignent de leur faim du pain de vie pour poursuivre leur route avec le Christ… »

D’où le rappel, bien nécessaire aujourd’hui, des demandes qui furent approuvées alors à la quasi unanimité de l’Assemblée:

« 9. L’Assemblée, en accord avec l’évêque, demande aux responsables pastoraux de nos communautés de faire preuve de sagesse pour mieux discerner les différentes situations des personnes et les motivations qui les poussent à recevoir l’eucharistie.

  1. Toujours en accord avec l’évêque et en exprimant son estime et son respect pour les divorcés remariés qui ont choisi en conscience de s’abstenir de communier, l’Assemblée demande aux communautés et à leurs pasteurs de respecter aussi la décision, prise en conscience, par des couples divorcés remariés, de recevoir le sacrement de l’eucharistie, dans la mesure où ils prennent en compte les exigences suivantes:

 respecter les devoirs de justice à l’égard du premier conjoint et des enfants éventuels ;
– faire preuve de fidélité dans leur nouvelle union ;
-participer à la vie de la communauté ;
– vivre un temps de réflexion nourri de la Parole de Dieu, en dialogue avec un prêtre ;
– s’interroger sur la qualité de leur faim eucharistique. »

Des conditions exigeantes et pas toujours faciles à respecter, il faut le reconnaître.

La conscience personnelle est l’ultime instance à laquelle doit se référer l’homme au moment de prendre une décision éthique.

Miséricorde et conscience

Dans ce texte d’AD 2000, il faut souligner deux mots clefs: miséricorde et conscience. Avec bien d’autres assemblées ecclésiales, l’Assemblée fait appel à « une plus grande miséricorde à l’égard des couples qui connaissent cette souffrance » et désirent bénéficier du soutien de l’eucharistie. Comme on est loin des propos de Mgr Müller qui dénonce « un faux appel à la miséricorde » et « une banalisation de l’image de Dieu, selon laquelle Dieu ne pourrait rien faire d’autre que pardonner. » L’Abbé Maurice Zundel doit se retourner dans sa tombe, lui qui répétait si souvent: Dieu n’est qu’amour: « un Cœur, tout Cœur, rien qu’un Cœur … Le Visage de Dieu est un visage de mère. » « Une Mère au cœur ouvert », dira de l’Eglise le pape François.

Quant au respect du choix fait en conscience par les divorcés remariés, soit de s’abstenir, soit de recevoir la communion, non sans avoir longuement réfléchi, prié et pris conseil, Mgr Müller déclare que leur conscience doit être éclairée par la vérité, et obéir au magistère de l’Eglise: pour les fidèles dont le premier mariage était valide, « la réception des sacrements n’est pas possible. La conscience de chacun est liée, sans exception, par cette norme. » A-t-on oublié que la conscience personnelle est, en amont de toute norme, l’ultime instance à laquelle doit se référer l’homme au moment de prendre une décision éthique? Vatican II l’affirme clairement: « la conscience est le centre le plus secret de l’homme, le sanctuaire où il est seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre. » (Gaudium et Spes no 16)

Pratiquer l’épikie

Un dernier point, contesté par Mgr Müller, est le recours fait par certains, dont notre évêque, au principe de « l’épikie » (une loi valable en général ne recouvre pas toujours adéquatement l’agir humain concret), pour autoriser dans certains cas l’accès des divorcés remariés à la communion. Ce principe ne peut pas être appliqué ici, dit la lettre du Préfet, car il s’agit de « l’indissolubilité du mariage, une norme de droit divin dont l’Eglise ne peut pas disposer ». A cette attitude rigoriste, Mgr Genoud en avait déjà opposé une autre, à la fois spirituelle et pastorale: « Pour dépasser une diversité de pratiques allant d’un laxisme généralisé à une rigidité blessante, AD 2000 invite à prendre en compte la situation concrète des personnes et à juger avec épikie. Il ne s’agit nullement d’une permission générale donnée aux divorcés remariés de recevoir la communion – nous ne le pouvons et ne le devons pas – mais bien d’un appel exigeant, tant pour les fidèles que pour les pasteurs, à pratiquer un véritable discernement spirituel et pastoral, éclairé par la parole de Dieu et l’enseignement de l’Eglise, selon des critères précis. »

Que veut-on de plus? Souhaitons que sur cette question aussi l’Eglise puisse sortir de ses murs pour aller à la rencontre des personnes blessées par la vie et affamées d’un pain qui les aide à vivre.

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Jean-Marie Pasquier

Jean-Marie Pasquier

L’Abbé Jean-Marie Pasquier, prêtre du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, fut professeur de théologie et directeur du Grand Séminaire diocésain. Aujourd’hui il est membre de l’équipe pastorale « Notre Dame de Compassion » à Bulle, dans le canton de Fribourg.

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Communauté portugaise https://www.revue-sources.org/communaute-portugaise-lexception-catholique/ https://www.revue-sources.org/communaute-portugaise-lexception-catholique/#respond Wed, 01 Jan 2014 13:10:02 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=182 [print-me]

Imaginez une église catholique au cœur de la ville de Genève accueillant chaque fin de semaine près de deux mille enfants en âge scolaire. Un chiffre confirmé par le curé de l’immense paroisse lusophone – mission ou paroisse? – qui rassemble ses ouailles dans les locaux loués à une paroisse « suisse », que la sécularisation et les mutations urbaines ont désolée.

Ce samedi d’octobre 2013, accoudé à la rampe d’escaliers qui conduit à la tribune de l’église Sainte Clotilde, je donne libre cours à mon émotion face à cette nef débordante de jeunes – le célébrant était bien le seul à avoir dépassé, et de très peu, la cinquantaine! – vibrant au rythme des chants, prêts à danser dans les allées du sanctuaire. J‘étais bien à Genève et non en Afrique. Au service de cette multitude, deux prêtres brésiliens – le troisième est hospitalisé – aidés par quelques deux cents jeunes catéchistes recrutés parmi les confirmés de la veille. Hormis les prêtres, pas un seul salarié dans cette paroisse. Aucun secrétaire permanent. Tout le monde est bénévole et tient à le rester.

Alors, cette paroisse, une « usine à sacrements »?

Alors, cette paroisse, une « usine à sacrements »? J’entends murmurer ce vieux réflexe de théologien soupçonneux. Pas si sûr! Même si les jeunes gars se contenteront, une fois devenus grands, de suivre l’exemple de leurs pères qui conduisent à l’église leurs enfants sans y pénétrer eux-mêmes. Je m’amuse, à la sortie de la messe, de contempler les voitures des papas-taxis, parquées en double file, venus récupérer leur progéniture. Le curé Miguel s’esclaffe: « De toute façon, ils n’auraient pu trouver place à l’intérieur!» Le fait d’attendre sur le parvis la fin d’une messe n’est pas forcément dans les pays latins une expression anticléricale. Ce stationnement pourrait simplement signifier une foi « collective » qui n’a pas besoin de se dire pour exister.

Eglise hors les murs que cette communauté d’immigrés? Sans nul doute. Comment expliquer que cette masse de jeunes qui fréquentent l’école publique genevoise passent à l’église une partie de leur week-end, alors que leurs camarades « suisses », sauf de vertueuses exceptions, n’y mettent jamais les pieds? Les traditions familiales n’expliquent pas tout. Pas plus que le besoin de retrouver en terre étrangère des racines lusitaniennes. De mon poste d’observation, j’ai l’impression que ces enfants sont loin de souffrir d’une quelconque contrainte. Aucun ne joue avec son portable ou triture sa planchette. Au contraire, des gestes non feints de piété et d’acquiescement à la parole qui leur vient de la chaire ou de l’autel.

Eglise hors les murs au sein de la « grande » (?) Eglise genevoise? Sans doute aussi. La mission portugaise développe ses méthodes catéchétiques et ses lignes pastorales en toute indépendance, sans s’inquiéter d’un plan directeur dicté par des instances ecclésiale suisses. Chaque année pourtant elle verse sa contribution financière au Vicariat épiscopal. Une façon d’exprimer sa gratitude à l’institution qui assure le salaire de ses prêtres. Là s’arrêtent la coopération et l’inculturation. Hormis cette transaction financière, les deux « Eglises » semblent s’ignorer. Dommage! Nous avons tellement besoin d’apprendre les uns des autres. Ne serait-ce que pour demeurer « catholiques ».

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Guy Musy

Guy Musy

Le frère dominicain Guy Musy, du couvent de Genève, est rédacteur-responsable de la revue Sources.

 

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Melkite, pour respirer à plein poumon https://www.revue-sources.org/melkite-pour-respirer-a-plein-poumon/ https://www.revue-sources.org/melkite-pour-respirer-a-plein-poumon/#respond Wed, 01 Jan 2014 13:08:41 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=180 [print-me]

L’Eglise melkite accueille tous les catholiques qui, comme l’auteur de ces lignes, sont en pleine communion avec Rome, mais souhaitent vivre occasionnellement une eucharistie selon un rite différent, loin de toute routine.

« Melkite »? Qu’est-ce que c’est que ça? Etymologiquement, ce mot signifie « du parti de l’Empereur ». Les conquérants arabes du VIIe siècle trouvent en effet dans les patriarcats d’Alexandrie et d’Antioche des chrétiens pour le moins divisés, conséquence des querelles christologiques des premiers siècles du christianisme. Ils donnent ce nom à tous ceux qui pratiquent le rite byzantin et conservent la foi orthodoxe issue des conciles d’Ephèse et de Chalcédoine, par opposition aux différents courants monophysites ou nestoriens.

Les fidèles redécouvrent l’importance des icônes et du chant hérité des Eglises d’Orient.

Au cours du XVIIIe siècle, des rapprochements de plus en plus serrés se font jour entre une partie non négligeable des prélats et des fidèles melkites avec l’Eglise de Rome. En 1724, la rupture est consommée entre les melkites catholiques et les melkites orthodoxes, et en 1744 le pape Benoît XIII reconnaît Cyril VI comme patriarche de l’Eglise grecque catholique melkite. Il est à relever qu’à partir de cette époque de nombreux écrits pontificaux insistent solennellement pour que cette Eglise puisse conserver ses rites propres. Je cite parmi tant d’autres la constitution de Benoît XIV Demandatam coelitus humilitati nostrae, qui interdit la latinisation de ces rites, et l’encyclique de Léon XIII Orientalium dignitatis qui va dans le même sens.

Contrairement à d’autres Eglises orientales, l’Eglise melkite n’est pas une Eglise nationale. Elle peut concerner tous les fidèles, quelle que soit leur origine. Ainsi en 1990, à Fribourg, des familles fondent la Fraternité Catholique du Christ Sauveur et célèbrent à l’ancienne chapelle du couvent dominicain de l’Albertinum une liturgie de rite byzantin en langue française. Dans ce cadre, les fidèles redécouvrent l’importance des icônes et du chant hérité des Eglises d’Orient. Personne d’entre nous n’a oublié l’émouvante visite de Sa Béatitude Gregorios III Laham, Patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, d’Alexandrie et de Jérusalem, le vingt-et-unième dans la lignée des Patriarches Grecs Melkites Catholiques depuis 1724. La liturgie byzantine de saint Jean Chrysostome ou de saint Basile le Grand a quitté l’Albertinum. Depuis plusieurs années, elle est maintenant célébrée chaque deuxième dimanche du mois à l’église paroissiale Saint Jean, à Fribourg.

Dans les murs? Hors les murs? En tout cas, une partie du deuxième poumon, comme aimait le rappeler Jean-Paul II. Ce poumon est la tradition orientale, si nécessaire à la respiration de l’Eglise dans son ensemble.

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Roland Pillonel

Roland Pillonel

Roland Pillonel, membre de l’équipe rédactionnelle de la revue Sources, est responsable à l’Université de Fribourg de la formation des enseignants du cycle secondaire.

 

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Les Prêcheurs de Zurich vivaient-ils hors les murs? https://www.revue-sources.org/les-precheurs-de-zurich-vivaient-ils-hors-les-murs/ https://www.revue-sources.org/les-precheurs-de-zurich-vivaient-ils-hors-les-murs/#respond Wed, 01 Jan 2014 13:06:35 +0000 http://revue-sources.cath.ch/?p=178 [print-me]

Evoquer la présence des Frères Prêcheurs de Zurich en lien avec la thématique « Église hors les murs » semble à première vue paradoxal. Il est vrai que leur tout premier domicile, à Stadelhofen, était vraiment « hors les murs », mais leur couvent et les différentes églises et agrandissements ultérieurs furent construits à l’intérieur de la ville. La naissance des ordres mendiants allait en effet de pair avec le développement des villes, affirmant leur autonomie face aux princes et à l’empereur. Pour cette raison, les couvents des « mendiants » étaient quasiment toujours situés à l’intérieur des murs, étroitement liés au développement urbain ainsi qu’à l’implantation des premières universités. Ce fut la cas de Zurich lorsque les Dominicains s’y établirent en 1230.

Au XIIIe siècle, cette ville d’à peine 5000 habitants comptait sept couvents et chapitres avec leurs églises attenantes. Parmi les sept, cinq appartenaient à des ordres mendiants, dont trois couvents dominicains. L’église gothique des ‘Prediger’ est encore aujourd’hui une des quatre églises de la vieille ville. Du monastère d’Oetenbach ne subsiste qu’un petit bâtiment isolé, tandis que le couvent des sœurs de St. Verena n’est mentionné que par une plaque commémorative posée sur une maison du Niederdorf, non loin des ‘Prediger’.

Alors couvent « hors » ou « dans » les murs? Il faudrait mieux parler, en pensant aux trois siècles d’existence des Prediger à Zurich, d’un couvent en mouvement, qui se meut hors de ses murs. Un indice? Ce couvent était construit contre les murailles de la ville, proche d’une de ses portes. Une invitation faite aux Prediger de sortir de la cité pour rayonner hors de ses murs. Comment ont-ils répondu à cette invitation? Quatre illustrations qui pourraient servir de preuves.

Tout d’abord, un indice architectural. Les Dominicains de Strasbourg qui répondirent au vœu des autorités zurichoises de voir établi dans leur cité un couvent de Prêcheurs ne construisirent qu’un petit bâtiment à côté d’une petite chapelle mise à leur disposition par la municipalité. Un simple oratoire où les frères priaient avant de sortir pour prêcher sur les places publiques ou dans d’autres églises. Les bâtiments qui suivirent au milieu du XIIIe siècle comprenaient une « Leutekirche », église pour les fidèles destinée avant tout à la prédication, et un petit chœur séparé pour la communauté qui s’agrandit au fil des ans. Les Prêcheurs de Zurich suivirent le modèle de leurs frères de Toulouse qui construisaient l’église dite des Jacobins.

Les frères prêcheurs suivaient les mouvements d’une société en pleine évolution et de ce fait contribuaient à leur manière au développement d’une « Église hors les murs ».

A Zurich, une porte latérale s’ouvre encore sur la « Predigergasse ». Au moyen âge, plusieurs maisons de cette ruelle logeaient de béguines qui ne vivaient pas en béguinage. Femmes veuves ou célibataires, elles se réclamaient du mouvement « Armutsbewegung » ou « Frauenbewegung ». Proches des couvents dominicains ou franciscains, à qui elles faisaient don de leur maison, attendant en retour que les frères les accompagnent. Il semble que le conseil municipal de Zurich en invitant les Prediger dans leur ville avait aussi comme objectif de leur confier l’éducation des femmes. N’existait alors dans la cité qu’un seul institut d’éducation, celui des chanoines, réservé à la jeunesse masculine.

Les moniales dominicaines d’Oetenbach semblent provenir elles aussi de la mouvance de l’ « Armutsbewegung ». Leur monastère, un des premiers de la région alémanique, fut fondé « parce que des femmes voulaient vivre comme les frères prêcheurs ». Un chapitre général intima plus tard aux frères de Zurich comme à tant d’autres couvents de frères de ne plus incorporer de nouveaux monastères de moniales et donc de mettre fin à la direction qu’ils exerçaient sur celui d’Oetenbach. La chronique dit que les moniales de ce monastère furent assez astucieuses pour faire annuler cette décision.

Le monastère d’Oetenbach était-il « hors les murs »? Oui, en quelque sorte. Issues du « Frauenbewegung », les moniales participaient au mouvement de renouveau de l’Église. Oetenbach fut aussi un des centres du réseau de la mystique rhénane. Très probablement, Maître Eckhart, Jean Tauler et certainement Henri Suso y ont séjourné et prêché. A sa fermeture, le monastère comptait plus de 250 moniales. Ce chiffre en dit long sur le rôle important que joua cette communauté dans la cité. Nous savons aussi que Zwingli donna ses premiers sermons réformateurs dans l’église de ce monastère. Il pressentait que si ses idées avaient la faveur des moniales, il lui serait facile de gagner le reste de la cité.

Finalement, l’histoire nous apprend que le rayonnement d’un couvent dominicain ne se limitait pas au territoire d’une ville précise. Son espace de prédication allait bien au-delà. On appelait autrefois « predicatio » ou « termini », ou encore en allemand « Terminbezirk / Terminkreis » l’espace de prédication attribué à un couvent. Avec la fondation de nouveaux couvents en Suisse ou en Allemagne, le territoire assigné aux Prediger de Zurich, immense à ses débuts, se réduisit au fil du temps. Ce secteur était jalonné de maisons « terminales », pied-à-terre pour les frères en tournée de prédication. On a découvert et restauré l’une d’entre elles dans l’Oberland saint-gallois. Ces maisons ne se trouvaient pas dans les bourgs qui avaient déjà acquis un statut social et politique, mais dans les petites villes émergeantes grâce à un marché qui s’y développait. Les frères prêcheurs suivaient les mouvements d’une société en pleine évolution et de ce fait contribuaient à leur manière au développement d’une « Église hors les murs ».

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Viktor Hofstetter

Viktor Hofstetter

Le frère Viktor Hofstetter, ancien provincial des Dominicains suisses, exerce actuellement son ministère de prêcheur à la Mission Catholique de Langue française de Zurich, très proche de la « Prediger » qui abrita pendant trois siècles le couvent des Prêcheurs.

 

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